dimanche 16 décembre 2018

pouvoir d'achat et "gilets jaunes": une idée à 121 Md€

Gilets jaunes et pouvoir d’achat :
une idée à 121 milliards d’euros


Décider un moratoire sur les aides au photovoltaïque et à l’éolien

121 milliards d’euros c’est selon la Cour des Comptes les primes au solaire photovoltaïque et à l’éolien qui restent à payer (essentiellement en taxes à la pompe à essence), pour financer uniquement les contrats d’aides signés avant 2017. Une somme incroyable ! Un moratoire immédiat sur ces aides ferait économiser 4000 euros par ménage français ! Un tel moratoire serait d’autant plus légitime que, de l’aveu même des promoteurs de ces énergies renouvelables électrogènes, ces dernières sont désormais compétitives grâce à l’énorme effort consenti par les contribuables et consommateurs depuis maintenant 10 ans.

Revenir sur les engagements pris demande du courage politique

Aucun gouvernement n’aime revenir sur des engagements, même sur ceux pris par ses prédécesseurs. Mais l’Espagne l’a fait, en décrétant le même type de moratoire dès 2013, alors que le pays ne maitrisait plus la bulle spéculative et les surcoûts liés, comme chez nous, au financement trop généreux de l’éolien et du photovoltaïque.

Certes la décision espagnole a fait des mécontents, et quelques-uns ont été dédommagés, mais le rééquilibrage a fait gagner des milliards d’euros aux petits contribuables espagnols. A nous de trouver une indemnisation équitable envers, d’une part, ceux qui verraient un contrat se terminer à leur détriment (mais qui en auront bénéficié quelques années, certains pendant déjà 10 ans), et, les autres, l’immense majorité des citoyens consommateurs, qui ont mis la main à la poche depuis des années pour financer ce système.

Un tel moratoire est-il envisageable en France ?

L’idée n’est pas de cesser de rémunérer les kWh solaires ou éoliens, ni même de leur retirer prématurément le privilège de l’obligation d’achat par EDF, privilège pourtant jugé abusif et anticoncurrentiel par les autres producteurs soumis aux lois normales de l’offre et de la demande. Pas question non plus de décourager l’autoconsommation. Il s’agit juste, après 10 ans de soutien généreux, de rémunérer désormais les ventes au juste prix de marché, et de décréter un moratoire sur le complément de rémunération dont bénéficient ces kWh intermittents. C’est ce complément qui est aujourd’hui supporté par les automobilistes (TICPE) après avoir été supporté par les consommateurs d’électricité (CSPE, d’ailleurs « supprimée » fin 2015 et pourtant toujours sur nos factures).

En outre, ce chiffre de 121 Md€ n’est que le début de cette bulle spéculative, qui, si on ne l’arrête pas, pourrait plus que doubler de taille si l’annonce du chef de l’Etat de tripler à l’avenir le nombre d’éoliennes et de capteurs solaires PV se réalisait. Comme en Espagne, il est temps pour notre pouvoir d’achat de stopper l’hémorragie.

Faut-il pour autant oublier la lutte contre le réchauffement climatique ?

Un tel moratoire ne se ferait-il pas au détriment du climat ? La réponse est non. C’est toute la beauté et l’ironie de nos premiers tâtonnements dans cette guerre fiscale de longue haleine contre le réchauffement climatique : les indicateurs publiés par le ministère de l’environnement montrent que les quelques 37 milliards d’euros que nous avons déjà dépensés avant 2019 pour soutenir le solaire PV et l’éolien n’ont pas eu l'effet environnemental escompté; pire, on observe depuis maintenant 3 ans une remontée de nos émissions de CO2, et les chiffres attendus de 2018 pourrait confirmer la tendance.

Pourquoi est-il inutile au climat (voire nuisible) de subventionner éolien et photovoltaïque en France ?

Car ces milliards déjà prélevés dans le porte-monnaie des consommateurs ont été largement focalisés sur l’électricité (déjà dé-carbonée) au lieu d’être consacrés à réduire les deux causes essentielles d’émissions de CO2 de notre pays: l’essence et le gazole de nos transports, et le gaz et le fuel de nos chauffages.

Et si, comme l’affirment désormais de nombreux spécialistes, il y a bien un lien entre les problèmes de gestion de l’intermittence des renouvelables électriques et nos émissions de CO2, un moratoire sur ces 121 milliards serait donc doublement gagnant : pour le pouvoir d’achat des plus modestes et pour le climat.

Sans parler du fait que la fabrication des équipements éoliens et surtout photovoltaïques que nous importons de l’étranger est, elle aussi, énergivore et émettrice de CO2, ainsi que consommatrice de métaux et de ressources rares. En limitant ses importations, la France limiterait son empreinte carbone hypocritement délocalisée, notamment en Asie dont les émissions destinées à satisfaire nos besoins polluent notre même planète.

Une transition énergétique sans perte de pouvoir d’achat, c’est possible

Plusieurs solutions existent pour retrouver du pouvoir d’achat. Les plus efficaces dans le domaine de l’énergie sont parfois les plus simples, celles qui sont sous nos yeux et que nous avions oubliées. Si aucune solution énergétique n’est parfaite, choisissons au moins les meilleures.

La bulle spéculative des renouvelables électrogènes nous coûte très cher, pour une efficacité écologique quasi nulle, faisant dire à la Cour des Comptes qu’il convient désormais d’inverser le « net déséquilibre entre les renouvelables électriques et les renouvelables thermiques » en faveurs des derniers, bien moins coûteux et pourtant plus efficaces pour l’environnement.

Par exemple, dans presque toute la France le solaire thermique permet, pendant au moins six mois par an et sans consommer un seul kilowattheure, de produire de l’eau chaude, qu’un simple ballon suffit à stocker ; c’est de la simple plomberie et des emplois nationaux.

L’isolation thermique des bâtiments permet de réduire considérablement les factures énergétiques de chauffage. Commençons par supprimer les passoires thermiques.

Pour ceux qui se chauffent encore au gaz naturel ou au fuel (d’ailleurs importés) le passage au chauffage électrique est un moyen simple (et encore moins coûteux que d’améliorer l’isolation) pour diviser par quatre leurs émissions de CO2.

Ceux qui se chauffent déjà à l’électricité décarbonée peuvent diviser par deux leur facture électrique de chauffage en installant une pompe à chaleur qui, à la différence de l’éolien ou du photovoltaïque intermittents, va prélever de jour comme de nuit l’énergie renouvelable gratuite de l’air ou du sol pour deux tiers de ses besoins.

Concernant le transport routier, principal responsable de nos émissions de CO2, les études internationales montrent que la France est un des rares pays où la voiture électrique permet, dès aujourd’hui, de diviser d’un facteur dix les émissions de CO2 comparées à une voiture à essence, alors que dans le reste du monde on ne gagnera pas même un facteur deux.

Concernant le nucléaire, pourquoi faire les poches des français tout de suite en arrêtant Fessenheim, centrale la moins jeune mais dont l’électricité est la moins chère et la plus sûre de France ; dont le président de l’Autorité de Sureté lui-même vient de dire que c’est « la centrale d’EDF qui présente les meilleurs résultats en termes de sûreté », et qu’ « il y a longtemps qu’une centrale d’EDF n’avait pas présenté un tel niveau de performances d’exploitation ». Rien ne presse. Même l’ADEME, qui semble pourtant cruellement manquer de compétences dans une énergie nationale responsable des trois quarts de notre électricité, reconnait dans son rapport de décembre 2018 que photovoltaïque et éolien auront du mal à atteindre une telle compétitivité: « une prolongation trop forte du nucléaire historique maintiendrait les prix de marché bas et déséquilibrerait la rentabilité de tous les moyens de production » ; ou encore lorsque son président écrit qu’il serait bon que notre transition écologique s’appuie sur « une prolongation mesurée du parc nucléaire pour modérer le coût de cette transition » ; en d’autres termes, pour restaurer notre pouvoir d’achat.

Les exemples qui précèdent ne constituent pas une liste exhaustive, mais représentent des mesures de bon sens qui reposent sur des solutions éprouvées, efficaces pour le climat, et répondant à un modèle économique sobre et vertueux. L’effort national pour les financer, une fois la majeure partie des 121 milliards d’aide au photovoltaïque et à l’éolien restitués au pouvoir d’achat des français les plus modestes, cet effort serait raisonnable et largement supportable par notre économie. C’est en tout cas le message de la Cour des Comptes, comme celui de plusieurs ONG (comme le démontre le scénario Négatep chiffré par Sauvons Le Climat qui vise pourtant bien une réduction d’un facteur quatre de nos émissions à l’horizon 2050, compatible avec l’Accord de Paris sur le Climat)

Pour notre pays endetté, pourquoi faire cher et compliqué quand on peut faire simple tout en créant de la valeur ?


Nos voisins espagnols ont su rectifier à temps leur mauvaise trajectoire. A nous il aura fallu attendre le ras le bol des « gilets jaunes » pour qu’enfin deviennent audibles les alertes de la Cour des Comptes, de l’Académie des Sciences, tout comme celles des citoyens lanceurs d’alerte de la Fédération Environnement Durable, de Sauvons le Climat, de l’Association des Ecologistes pour le Nucléaire ou de l’ARSCA, qui tous défendent les énergies durables et le pouvoir d’achat. Il est temps de stopper les aides au photovoltaïque et à l’éolien.

Jean-Luc Salanave, le 15/12/2018

lundi 3 décembre 2018

Sans taxes ... et sans "gilets jaunes"


Transition écologique et "crise des gilets jaunes": E.Macron, ni décevant ni enthousiasmant, mais tellement loin de la méthode qui a fait la réussite de notre première transition énergétique de 1973 !

L’intervention du président Macron du 27 novembre 2018 est fidèle à son péché mignon du fameux en même temps qui avait caractérisé sa campagne présidentielle. Maintenir le cap long terme de l’Accord de Paris pour le climat et en même temps répondre aux préoccupations de fin de mois des gilets jaunes. Réduire nos émissions de CO2  et en même temps réduire notre production nucléaire. Développer le solaire et l’éolien et en même temps ne pas sortir du nucléaire ni le remettre en cause.
Pourquoi ne pas avoir saisi l’occasion du grand mouvement populaire de mécontentement de ces jours derniers pour sortir enfin du compromis, sortir du en même temps qui irrite les uns sans satisfaire les autres ?
La taxe TICPE sur les carburants a été le déclencheur de la grogne contre les dégradations du pouvoir d’achat. Inventées par les deux précédents quinquennats de gauche et de droite depuis le Grenelle de l’environnement de 2007, les taxes dites écologiques s’empilent et se succèdent, avec, certes, des effets visibles sur nos paysages et nos toitures, mais en même temps sans effets sur les émissions de CO2 de la France, reparties à la hausse depuis 3 ans.
On se souvient pourtant que notre 1ère transition énergétique des années 1973-2000 se fit sans recours aux taxes. Le programme électro-nucléaire français fut entièrement financé par des emprunts industriels, remboursés par les consommateurs d’électricité ; ces consommateurs que nous sommes avons même depuis 40 ans prépayé les provisions pour charges futures qui attendent sagement aujourd’hui, sur des fonds dédiés encadrés par la loi, d’être affectés un jour aux démantèlements. Et tout cela en payant une électricité parmi les moins chères d’Europe.
Après notre transition électrique (largement derrière nous maintenant que 93% de notre électricité est décarbonée) l’heure est venue de nous attaquer aujourd’hui aux transitions du transport (essence et gazole) d’une part, et du chauffage (gaz et fuel) d’autre part, les deux sources de CO2 qui subsistent désormais dans notre pays.
On l’a vu, la grogne des gilets jaunes n’est pas dirigée contre l’écologie ni contre la transition énergétique. Elle est le rejet d’une certaine politique environnementale qui semble préfèrer le « bâton » à la « carotte » ; le rejet d’une écologie punitive, plutôt qu’incitative et positive.
C’est aussi une grogne contre les iniquités de la transition. Nombreux sont les français qui en ont assez que les mesures incitatives profitent d’abord au capital, ou aux plus aisés, ou à ceux qui spéculent sur les renouvelables et n’hésitent pas à revendre des capteurs et des éoliennes achetés à l’étranger et subventionnés par nos taxes. Nombre de « gilets jaunes », notamment en province, reprochent aux décideurs parisiens de s’être coupés de la vie quotidienne des plus modestes.
Le premier ministre l’avait en partie compris, lorsqu’il a tenté, au début du mouvement, de désamorcer la grogne en offrant des primes à la conversion, des chèques énergie et des aides à la suppression du chauffage au fuel. Mais ces mesures, utiles, viennent compliquer un peu plus le mille-feuille des taxes et subventions, et ne remet pas suffisamment en cause ce système de « bâtons » et de « carottes », ces dernières toujours jugées insuffisantes ou inadaptées par ceux tenus de payer la taxe à la pompe sans souvent pouvoir se permettre la dépense qui leur ferait bénéficier de la prime à la conversion.
Alors que faire ? Et bien si on cessait simplement de vouloir « mettre la charrue avant les bœufs » !
Notre monde agricole sait bien que taxes et subventions ne remplacent pas celui qui laboure, sème et produit. L’expérience réussie de notre transition électrique il y a quarante ans nous rappelle que pour réussir aujourd’hui nos transitions du transport et du chauffage et creuser leur sillon de façon efficace, équitable et durable, nos efforts devraient être tirés par une vraie politique économique et industrielle volontariste en faveur du climat; les taxes et les subventions n’ont jamais été le moteur durable d’un grand projet national ; tout juste peuvent-elles l’accompagner, pas le tirer.
Par exemple : si la voiture électrique s’avère bien une solution d’avenir pour les transports routiers d’un pays à l’électricité dé-carbonée comme la France, eh bien, avant de taxer les carburants d’une main et de distribuer de l’autre des chèques de conversion aux automobilistes en colère, commençons par construire massivement des voitures électriques compétitives. Qu’attendons nous ? Quel pays est mieux placé que le nôtre, avec notre électricité déjà dé-carbonée, pour réussir avant les autres un grand plan national de transition vers la voiture sans carbone ?
Autre exemple, les taxes. Comment ne pas comprendre la colère d’un gilet jaune qui observe qu’une partie de la taxe TICPE sur les carburants sert à payer certains mégawattheures photovoltaïques jusqu’à 630 euros (les obligations d’achat contractées en 2009 et garanties pour 20 ans aux producteurs), soit presque vingt fois plus cher que notre électricité nucléaire selon la Cours des Comptes (33 euros /MWh, et moins encore pour Fessenheim). Les automobilistes vont devoir financer ce prix exorbitant jusqu’en 2029 ! Et pour beaucoup d’entre eux sans recevoir de contrepartie, car tous ne sont pas de chanceux propriétaires de panneaux solaires qui peuvent récupérer d’une main ce qu’ils dépensent de l’autre en taxes à la pompe.
Au lieu de reconduire les subventions aux éoliennes et aux capteurs photovoltaïques importés (inefficaces, ruineuses, prématurées, et même « double peine » car la CSPE de 22,5€/MWh, supprimée le 31 décembre 2015 au profit de la TICPE sur les carburants, figure toujours sur nos factures électriques !), développons la recherche, l’industrie et des emplois nationaux dans les renouvelables et le stockage d’électricité. Et surtout, commençons par valoriser les atouts que nous possédons déjà dans les autres énergies propres (notre nucléaire, notre hydraulique pour le stockage d’électricité, notre forêt, notre biomasse et ses biocarburants, nos ressources géothermiques ou l’aérothermie des pompes à chaleur et le solaire thermique).
Pour créer cette dynamique écologique notre pays n’aura d’autre choix que de remettre des bœufs devant la charrue, seul moyen de tracer enfin le sillon d’une transition écologique vertueuse, équitable et supportable par les citoyens qui ne demandent qu’à être acteurs et pas seulement contribuables.
L’industrie de notre pays est moribonde : réindustrialisons, et s’il le faut vraiment, alors, taxons mais de façon justifiée, pour subventionner les entrepreneurs et artisans de nos réductions de gaz à effet de serre et de la réduction de notre empreinte environnementale ; ne taxons pas, comme trop souvent, pour le seul bénéfice d’une minorité aisée de profiteurs, de spéculateurs ou d’importateurs.
A quand un grand projet national qui, comme le projet de 1973, crée vraiment de la valeur industrielle, environnementale et de l’indépendance énergétique ? Un projet qui, comme en 1973, ne soit pas basé sur des obligations d’achat financées par la taxation.
Pour les citoyens responsables, portant ou non un gilet jaune, l’adhésion naitra non pas de la dissuasion d’une taxe ni de la récompense d’une subvention mais d’abord de l’espoir d’œuvrer à une entreprise collective utile, concrète, équitable et durable pour léguer à nos enfants une planète plus belle.
Souhaitons que les discussions qui s’ouvrent sachent dépasser les intérêts particuliers, les intérêts des lobbies, et même les modes parfois au-dessus de nos moyens, pour privilégier l’intérêt général et celui des plus modestes, avec la raison et le bon sens dont nos concitoyens et nos administrations sont capables au pays de Descartes.

Jean-Luc Salanave
Spécialiste de l’énergie, professeur à l’Ecole Centrale Supélec
Membre de l’ONG Sauvons le Climat
Automobiliste et consommateur d’électricité

vendredi 26 octobre 2018

Départ de Nicolas Hulot: que doit faire son successeur pour réussir ?


Que devra faire François de Rugy pour réussir là où Nicolas Hulot et celles et ceux qui l’ont précédé ont échoué ?
Jean-Luc Salanave : professeur à l’Ecole Centrale, écologiste (membre de Sauvons le Climat et de l’AEPN), scientifique et ancien industriel est interrogé par Bernard Lenail, directeur éditorial d'ARSCA. 6 octobre 2018

Le départ de Nicolas Hulot est-il une preuve de plus que la politique est incapable de respecter ses objectifs en matière d’écologie ?
JLS : Ce serait une vue bien pessimiste et défaitiste et un manque de confiance dans la politique et les institutions ! Non, ce départ est un aveu d’échec, non pas de « la politique », mais de certaines des actions conduites par Nicolas Hulot. En effet depuis 3 ans les émissions françaises de CO2 remontent. Ce départ est selon moi une chance pour l’écologie et un nouveau départ avec des objectifs ciblés et adaptés.
Pourtant la presse a qualifié, quasi unanimement, la démission de Nicolas Hulot de « coup dur » pour le Président Macron et sa politique écologique ?
Comme l’a rappelé la presse, le projet écologique sur lequel a été élu Emmanuel Macron est celui du « en même temps » ; c’est un projet qui concilie économie et écologie. Ni Nicolas Hulot, ni ses prédécesseurs comme Ségolène Royal, n’ont compris à quel point cet « en même temps » est un impératif, qui conditionne la réussite de toute politique environnementale et son acceptation par nos concitoyens. Nicolas Hulot a tenté de faire de l’écologie aux dépens de l’économie, aux dépens des consommateurs et des contribuables, au prix de mesures souvent chères et parfois peu efficaces, comme le soutien financier massif au photovoltaïque et à l’éolien, au détriment de l’intérêt financier d’une France déjà largement endettée et au détriment de nos intérêts environnementaux à long terme.
Mais le développement des renouvelables est bien l’objectif de nombre de pays signataires de l’accord de Paris en faveur de la réduction des émissions de CO2 et du climat !
Si l’on veut. Mais c’est précisément sur ce point que les politiques engagées par Ségolène Royal et poursuivies par Nicolas Hulot ont été des échecs. L’objectif, maintes fois rappelé par Emmanuel Macron et par l’accord de Paris sur le climat, c’est de gagner la bataille contre les émissions de gaz à effet de serre et le changement climatique, ce n’est pas de développer le photovoltaïque et l’éolien ! L’objectif c’est de réduire nos émissions de CO2, pas de remplacer le nucléaire (qui n’en émet pas) par de l’éolien (qui n’en émet pas moins), ou, pire, de remplacer le nucléaire par du photovoltaïque (qui émet bien plus de CO2, notamment tant que le silicium des cellules solaires restera fabriqué dans des fours chauffés au charbon en Chine ou en Allemagne) ! Mille fois oui au solaire et à l’éolien chaque fois qu’ils contribuent à réduire les émissions liées aux combustions de gaz, d’essence ou de charbon. En revanche, non, non et non s’ils contribuent à augmenter les émissions de CO2 comme c’est le cas en France (les indicateurs catastrophiques depuis 2016 de notre Stratégie Nationale Bas carbone en témoignent) et comme c’est le cas en Allemagne (dont le titanesque effort sur les renouvelables n’a pas permis de supprimer une seule centrale à charbon et a même conduit à construire de nouvelles centrales à gaz émettrices de CO2 !).
Nicolas Hulot se dit victime des lobbies. Qu’en pensez-vous ?
Les raisons qu’il a invoquées relatives au poids des lobbies de la chasse, de l’agriculture ou du glyphosate semblent sincères mais la presse s’est rapidement interrogée sur le rôle du soi-disant « lobby nucléaire ». Pour moi ce lobby n’existe pas. Un lobby c’est un groupe de pression qui défend des intérêts particuliers, en général financiers. EDF et ORANO sont propriété de l’Etat et donc propriété des citoyens. Si quelqu’un a gagné de l’argent grâce au nucléaire depuis 40 ans c’est bien chacun de nous, heureux consommateurs de cette électricité nucléaire 80% moins chère que l’électricité allemande.
En revanche, le SER (syndicat des énergies renouvelables) est un véritable lobby, très puissant, qui s'enrichit aujourd'hui sur le dos des consommateurs et des contribuables, en toute légalité, grâce aux nouvelles taxes (CSPE), aux financements publics, et grâce au privilège exorbitant de la priorité d'injection de son électricité sur le réseau (même quand elle est inutile). Rien de tel pour le nucléaire français qui a été entièrement financé par l'emprunt, remboursé par les consommateurs (qui par ailleurs ont même pré-payé petit à petit, depuis 30 ans, la provision encadrée par la loi pour financer demain le démantèlement des réacteurs).
Lors de son départ, Nicolas Hulot ne s’est pas plaint ouvertement de ce lobby des renouvelables mais chacun sait les pressions qu’il a subies; tout comme Ségolène Royal quand elle a consenti à couvrir sa région Poitou Charente de capteurs photovoltaïques et d’éoliennes, ou, plus tard, quand elle a fait adopter la Loi de Transition Energétique de 2015, désastreuse pour notre pays et pour l’environnement, car il s’agit d’une loi qui, sous des apparences écologiques et anti-CO2, est en réalité une loi anti-nucléaire, qui divise le pays et démolit les performances environnementales exceptionnelles qui avaient fait de la France un champion de la transition énergétique vingt ans avant les autres.
Quelles doivent-être selon vous les priorités énergétiques de François de Rugy nouveau ministre de l’environnement ?
Son tableau de bord pour réussir est très simple. L’électricité en France n’est pas une priorité écologique : car elle est déjà exemplaire et ne représente que 6% de nos émissions de CO2 (dont EDF n’est responsable qu’à hauteur de 2% car son parc nucléaire est bien plus écologique que les centrales non nucléaires de ses petits concurrents implantés sur notre territoire, qui sont eux les réels pollueurs en « CO2 électrique »).
Là où la France est mauvais élève climatique, là où le politique doit placer les priorités, c’est sur nos activités polluantes que sont le transport routier et le chauffage non électrique (notamment gaz et fuel) qui représentent la plus grosse part de nos émissions individuelles et collectives de CO2. Aux côtés de l’électricité hydraulique et nucléaire, les renouvelables doivent certes prendre toute leur place, notamment les renouvelables thermiques et non-intermittents, souvent « oubliés », que sont la géothermie, l’aérothermie gratuite des pompes à chaleur, le solaire thermique et la biomasse renouvelable, bien plus efficaces que les renouvelables électrogènes qui fluctuent au gré du vent et du soleil.
Comment selon vous un ministre de l’environnement pourrait-il marquer l’histoire ?
Un grand ministre de l’environnement sera celui qui ne se trompera pas de cible ; qui surtout ne confondra pas la cible avec les moyens, avec les modes et avec les intérêts immédiats des lobbies ; celui qui fera enfin légiférer notre pays non plus pour imposer des moyens (tant de % de nucléaire,  tant de mètres carrés de capteurs solaires, tant de milliers d’éoliennes, tant de chauffage au gaz, tant de voitures électriques) mais pour fixer des objectifs de résultats et une trajectoire de baisse de nos rejets. Pour nos petits-enfants l’objectif est que nous réduisions nos émissions de CO2 et que nous préservions pour eux les ressources vivantes et minérales de notre belle planète.

vendredi 31 août 2018

Agriculture et nucléaire accusés d’entraver l’écologie

Nicolas Hulot victime des "lobbies" de chasseurs, d'agriculteurs, du glyphosate ou ... du nucléaire?

Extraits de la tribune d'Antoine Abbundo et Jean-Claude Bourbon le 29/08/2018 sur La Croix:

(source: https://www.la-croix.com/France/Politique/Lagriculture-nucleaire-accuses-dentraver-lecologie-2018-08-29-1200964813)

.... "Depuis longtemps, l’expression « lobby nucléaire » synthétise en France à peu près toutes les oppositions et les craintes vis-à-vis de l’atome civil. Une sorte d’hydre que l’on aurait du mal à circonscrire. « Le lobby nucléaire n’existe pas à proprement parler. C’est l’ensemble de l’appareil d’État et il représente tous les Français qui ont contribué à financer le développement de cette industrie », tranche Jean-Luc Salanave, professeur à l’École centrale."


.... "Il [Nicolas Hulot] a été aussi en prise directe avec les contradictions de l’État, qui cherche d’un côté à défendre ses intérêts patrimoniaux (il détient en direct 83,7 % du capital de l’électricien) et, de l’autre, veut fermer des réacteurs largement amortis.« La loi de transition énergétique de 2015 prévoyait de fermer un tiers des réacteurs d’ici à 2025. C’était totalement inapplicable, et Nicolas Hulot en a pris acte », affirme Jean-Luc Salanave."

Précisions de Jean-Luc Salanave (non reprises dans l'article):
Un lobby, c'est un groupe de pression qui défend des intérêts particuliers, en général financiers. A ce titre, le SER (syndicat des énergies renouvelables) est un véritable lobby, très puissant, qui s'enrichit aujourd'hui sur le dos des consommateurs et des contribuables grâce aux nouvelles taxes (CSPE), à des financements publics, et grâce au privilège exorbitant de la priorité d'injection de son électricité sur le réseau (même quand elle est inutile).

Rien de tel pour le nucléaire français qui a été entièrement financé par l'emprunt, remboursé par les consommateurs. Pas non plus de financement occulte du nucléaire via la recherche publique: le CEA a largement été remboursé par les redevances de licences reversées par les industriels (comme par exemple EURODIF qui s'est acquitté pendant 20 ans de lourdes redevances pour exploiter le procédé de diffusion gazeuse développé par le CEA); là aussi, les coûts ont été répercutés sur le consommateur final d'électricité.

Si un "lobby" nucléaire existe, si quelqu'un a gagné de l'argent grâce au nucléaire depuis 40 ans, c'est bien chacun de nous, heureux consommateurs de cette électricité nucléaire 80% moins chère que l'électricité allemande. Le consommateur français a même pré-payé petit à petit, depuis 30 ans, parfois sans s'en douter, l'énorme provision encadrée par la loi et mise en réserve pour financer les démantèlements futurs. Ce "lobby nucléaire" là n'a rien à se reprocher, et Nicolas Hulot, s'il consomme de l'électricité, en fait partie !

jeudi 9 août 2018

Nucléaire flottant (billet J-L Salanave publié dans La Croix du 9/8/2018)

La Croix du 18 juillet 2018 ne s’est pas trompée en consacrant une page entière à la 1ère centrale nucléaire russe flottante. La France, un des rares leaders mondiaux de ces petits réacteurs de quelques dizaines de mégawatts, aurait pu se placer depuis longtemps sur ce marché d’avenir. Mais peut-être que notre pays préfère garder jalousement cette technologie pour propulser ses sous-marins et porte-avion militaires plutôt que de la mettre sur le marché civil à la disposition des pays en développement qui ne peuvent se payer les énormes réacteurs de 1000 mégawatts des pays riches. Quoi de mieux que ces petits réacteurs du futur, flottants ou immergés, respectueux de l’environnement, solutions au réchauffement climatique car n’émettant pas de CO2, pour produire à la demande 24 heures sur 24 l’électricité dont ils ont cruellement besoin pour se développer et combattre l’émigration de réfugiés économiques ? Surtout que les avantages de ces petits réacteurs sont nombreux. Non seulement leur sûreté est exceptionnelle grâce à la simplicité de leur refroidissement, aisé même en cas d’incident grave (ce qui exclut tout risque « Fukushima »), mais la technologie actuelle permet de ne recharger ce type de « pile atomique » que tous les dix ans, permettant d’alimenter pendant des années, les nuits sans soleil comme les jours sans vent, une ville côtière de plusieurs dizaine de milliers d’habitants du Nigéria ou d’ailleurs. Heureusement, en France, aux USA, en Chine tout comme en Russie, de jeunes scientifiques soucieux de développement énergétique écologique et équitable y songent très sérieusement.

L'article de La Croix est visible ICI.

dimanche 17 juin 2018

Quelle énergie demain ? Des jeunes s’interrogent (vidéos 3&4/4: nucléaire, quelles critiques? quels atouts ?)

Les 2 vidéos ci-dessous font suite à celles soumises les 10 et 14 juin 2018 à la CNDP (Commission Nationale du Débat Public), par un petit groupe de jeunes intéressés par l’avenir énergétique de notre pays, désireux de se mobiliser pour contribuer au débat public 2018 sur la programmation pluriannuelle de notre énergie (PPE). Leurs 2 premières contributions sont accessibles sur le site du débat public PPE 2018 à point de vue n°147 et point de vue n°180.

En complément, ces jeunes ont tenu à questionner l'une des nombreuses composantes durables de notre transition énergétique, l'énergie nucléaire, tant cette énergie soulève de critiques (très médiatisées) et d'espoirs (pour les générations futures).

Sans tabou, sans idées reçues, sans idéologie ils se sont interrogés, dans les 2 vidéos ci-dessous, sur les INCONVENIENTS et les AVANTAGES de l'ENERGIE NUCLEAIRE, exigeant, en réponse, avant tout des FAITS scientifiques, objectifs et vérifiables, afin que chacun puisse ensuite bâtir librement ses CONVICTIONS sur autre chose que de simples OPINIONS (fussent-elles publiques ou médiatiques, toutes deux évidemment respectables):

Des jeunes s'interrogent, vidéo n°3: nucléaire, quelles critiques ? 

Des jeunes s'interrogent, vidéo n°4: nucléaire, quels atouts ?


jeudi 14 juin 2018

Quelle énergie demain ? Des jeunes s’interrogent (PPE 2018, vidéo 2/4: quelles solutions, NEGATEP ?)

Cette contribution fait suite à celle soumise le 10 juin 2018 à la CNDP (Commission Nationale du Débat Public), par un petit groupe de jeunes intéressés par l’avenir énergétique de notre pays, désireux de se mobiliser pour contribuer au débat public 2018 sur la programmation pluriannuelle de notre énergie (PPE 2018).

Conscients que leur avenir est en jeu dans cette transition écologique, dont l’énergie est une composante essentielle, ils observent que la transition énergétique n’a pas encore proposé les solutions satisfaisantes et durables qu'ils attendent pour les générations futures et en particulier la leur.

Leur 1ère vidéo (https://youtu.be/CLx6EY4S_vY) portait sur le constat d'échec de notre politique CO2 (constat basé sur les mauvais résultats des indicateurs de la stratégie bas carbone française publiés par le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire). 

Par leurs questionnements ces jeunes ont souhaité suggérer des pistes de solutions qui leur paraissent répondre aux enjeux réels et factuels du changement climatique et de la transition énergétique.

Leur seconde contribution au débat porte sur « des solutions », et en particulier sur un scénario durable (NEGATEP); elle est résumée dans cette courte vidéo :  

lundi 11 juin 2018

Quelle énergie demain ? Des jeunes s’interrogent (PPE 2018, vidéo)


Quelques jeunes intéressés par l’avenir énergétique de notre pays se sont mobilisés pour  contribuer au débat public sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 2018).

Conscients que leur avenir est en jeu dans cette transition écologique où l’énergie joue un rôle essentiel, ils estiment que la transition énergétique peine à se mettre en place et que les solutions proposées ne sont pas encore satisfaisantes et durables.

Ils s’interrogent sur la loi de transition énergétique pour une croissance verte de 2015 (LTECV 2015), en partie responsable selon eux de ces mauvais résultats.

Se sentant mal informés (voire désinformés) tant par les médias que par les politiques, ils ont souhaité poser leurs questions à quelques spécialistes de l’énergie et de l’environnement dont je fais partie.

De leurs interrogations et des réponses que nous leur avons proposées, sur les résultats pour l'instant médiocres de la Stratégie Nationale Bas Carbone de la France, résulte une première vidéo accessible ici : www.youtube.com/watch?v=CLx6EY4S_vY&t.

Ces jeunes ont soumis cette vidéo à la Commission Nationale du Débat Public pour exprimer leur contribution au débat.

Jean-Luc Salanave

jeudi 10 mai 2018

le bois au secours du climat: construisons en bois (publié dans La Croix)

Le 9 Mai 2018, le journal La Croix a publié, sous le titre "construction bois ou béton", ma réaction (voir lien ICIà un intéressant article du 3 Avril sur le rôle écologique du bois :

Le bois au secours du climat (titre original, non publié; seule la partie en gras ci-dessous a été publiée par La Croix)

Merci pour les articles de La Croix du 3 avril 2018 sur le bois et ses vertus écologiques dans la construction. Pour lutter contre le réchauffement climatique on vante souvent les vertus du nucléaire, de l’hydraulique ou des renouvelables, mais trop rarement celles du bois. On sait en général que se chauffer au bois (bois renouvelable, celui qu’on replante) vaut mieux que se chauffer au gaz naturel fossile émetteur de CO2. Mais merci d’avoir rappelé qu’il y a une autre utilisation du bois encore meilleure pour la planète : c’est la construction bois, car, non seulement elle évite la production de ciment (très polluante en CO2), mais elle participe à la séquestration du carbone atmosphérique (dans les fibres carbone du bois). Si chacun dans sa vie construisait une maison en bois, si tous les pays s’inspiraient du Japon « où 75% des maisons individuelles sont en bois », une partie des 400 ppm de CO2 de notre atmosphère serait re-absorbée par nous les hommes qui l’avons émis. Pour combien de temps ? Le bois d’œuvre peut durer plusieurs siècles avant que son carbone de finisse inéluctablement dans l'atmosphère ; assez de temps en tout cas pour permettre de mettre au point les autres solutions climatiques. Les charpentes de Notre-Dame de Paris et de nos plus vieilles granges séquestrent bien du carbone depuis presque mille ans ! A quand un grand plan national « des maisons bois pour le climat » ?

Jean-Luc Salanave

mercredi 2 mai 2018

Nucléaire, trop ou pas assez ? L'erreur d'UFC-Que Choisir contre EDF

Je n'ai pas l'habitude de défendre EDF mais j'ai trouvée pour le moins amusante cette accusation de l'UFC-Que Choisir (qui du coup baisse beaucoup dans mon estime !), rapportée par La Croix du 6 avril 2018. J'ai proposé à La Croix le billet ci-dessous (que le journal n'a pas publié):

Nucléaire, trop ou pas assez ?

Il n’est pourtant pas si vieux le temps où nous estimions qu’EDF faisait trop de nucléaire, qu’il fallait le réduire à 50% de notre électricité, voire arrêter Fessenheim. Y-aurait-il un frémissement inverse ? La Croix du 6 avril 2018 rapporte le « pavé dans la mare » de l’UFC-Que choisir qui accuse EDF de « sous-utiliser » son parc nucléaire ! Notamment « quand les prix sont faibles afin d’assurer une meilleure rentabilité de ses centrales au détriment des consommateurs ». Pour moi, consommateur, rien de choquant dans cette pratique ; tout ce qui assure une meilleure rentabilité des kWh nucléaires permet à EDF de continuer à me les vendre à la moitié du prix payé par les consommateurs allemands. Mais si je ne partage pas l’analyse de l’UFC-Que choisir je partage la conclusion logique : oui, il faudrait autoriser EDF à faire plus d’électricité nucléaire. Il faudrait surtout que la nouvelle PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) mette fin à l’obligation légale qui impose à EDF (ainsi qu’à RTE) d’accepter en priorité sur le réseau les kWh solaires et éoliens subventionnés, ceci même quand l’offre est excédentaire à la demande (par grand soleil ou grand vent, au point de faire baisser le prix de marché, parfois en négatif !), obligeant EDF à réduire sa production nucléaire qui, elle, ne bénéficie pas de ce privilège totalement anticoncurrentiel.

Jean-Luc Salanave

PS: depuis, EDF a annoncé le 02/05/2018 porter plainte pour diffamation contre UFC-Que Choisir.

lundi 9 avril 2018

Débat public PPE, question: les privilèges accordés aux renouvelables sont-ils légaux ?

La Commission Nationale du Débat Public sur la PPE 2018 (Programmation Pluriannuelle de l'Energie pour la période 2018-2028) vient d'accepter et de publier ma question, ci-dessous, sous le n°145 et sous le titre «Question juridique: un privilège légal ?» (elle est consultable à l’adresse suivante: https://ppe.debatpublic.fr/node/3291):

Titre: Question juridique: les privilèges accordés aux renouvelables sont-ils légaux ?


Contenu de la question de JLS:
Paradoxalement, l'UFC-Que choisir accuse EDF de « sous-utiliser son parc nucléaire », EDF conteste et n'exclut pas une « action devant les tribunaux » (La Croix du 6 avril 2018). Il n'est pourtant pas si vieux le temps où nous estimions qu'EDF faisait trop de nucléaire, qu'il fallait le réduire à 50% de notre électricité, voire arrêter Fessenheim. Y aurait-il un frémissement inverse ? En fait, l'UFC-Que choisir accuse EDF de « sous-utiliser » son parc nucléaire notamment « quand les prix sont faibles afin d'assurer une meilleure rentabilité de ses centrales au détriment des consommateurs ». Pour moi, consommateur, rien de choquant dans cette pratique ; tout ce qui assure une meilleure rentabilité des kWh nucléaires permet à EDF de continuer à me les vendre à la moitié du prix payé par nos voisins allemands. Mais si je ne partage pas l'analyse de l'UFC-Que choisir, je partage la conclusion logique : oui, il faudrait autoriser EDF à faire plus d'électricité nucléaire. Il faudrait surtout que la nouvelle PPE (programmation pluriannuelle de l'énergie) mette fin à l'obligation légale qui impose à EDF (ainsi qu'à RTE) d'accepter en priorité sur le réseau les kWh solaires et éoliens subventionnés, ceci même quand l'offre est excédentaire à la demande (par grand soleil ou grand vent, au point de faire baisser le prix de marché, parfois en négatif !), obligeant EDF, comme l'affirme l'UFC, à réduire sa production nucléaire qui, elle, ne bénéficie pas de ce privilège.
Question : le double privilège anticoncurrentiel accordé aux électricités solaire et éolienne (priorité d'injection sur le réseau, prix subventionnés et garantis sur 20 ans), privilège qui a déjà largement désorganisé le marché électrique et porté préjudice à plusieurs producteurs européens précédemment florissants, ce privilège est-il légal et respecte-t-il les règles de l'OMC et de la concurrence ?

PS: chaque citoyen, s'il ne l'a déjà fait, est encouragé à répondre au moins au questionnaire du débat, ou à poser une question, ou a y inviter ses réseaux (https://ppe.debatpublic.fr/; menu déroulant "espaces d'expression") - attention, des questions sont biaisées comme celles sur Fessenheim ou sur la baisse à 50% du nucléaire.
Concernant les questions (comme celle ci-dessus) la Commission du débat s'est engagée à apporter des réponses sous 15 jours.

lundi 26 février 2018

Quand TECSOL reproche à la CRE de protéger l'intérêt général plutôt que les spéculateurs !

TECSOL prétend, le 28 février 2018, que "Le régulateur de l’énergie veut couper les ailes à l’autoconsommation solaire" (http://tecsol.blogs.com/mon_weblog/2018/02/edito-le-r%C3%A9gulateur-de-l%C3%A9nergie-veut-couper-les-ailes-%C3%A0-lautoconsommation-solaire.html#tpe-action-posted-6a00d8341bfe5d53ef01bb09f69f34970d)

J'ai posté ce commentaire:

Heureusement que la CRE est là pour tirer la sonnette l'alarme! L'autoconsommation est souhaitable, bien sûr, je suis le premier à en faire chez moi. Mais le but n'est pas d'enrichir le syndicat des énergies renouvelables que je sache! L'autoconsommation ne sera réussie que lorsque toutes ces subventions auront disparu ,et là-dessus la CRE a mille fois raison ! Ouvrons les yeux ! Ces subventions coûtent cher à la collectivité et d'abord au petits revenus et à tous ceux qui n'ont pas les moyens de se payer une installation solaire d'auto production! Et si l'énergie solaire est gratuite, l'électricité solaire en tout cas ne l'est pas ! Et si nous voulons auto-consommer, ce dont nous rêvons tous, acceptons d'en assumer le coût et d'en payer le prix, et sortons un jour de cette mentalité de quémandeurs et d'assistés qui fait la honte de notre pays! 

Jean-Luc SALANAVE

jeudi 11 janvier 2018

Arrêtons de convertir les énergies dé-carbonées en énergie primaire et en barils de pétrole !

La revue Nucléaire & Energies n°71 vient de publier le 11 janvier 2018, sous le titre "C'est l'énergie finale ... (air connu)", cet article qui propose l'abandon du concept statistique d'énergie finale aujourd'hui dépassé et nuisible à la transition écologique (l'article est accessible via ce LIEN).

Résumé :
Il est temps d’adapter les indicateurs énergétiques à la transition écologique du XXIème siècle.
Après le cheval-vapeur, devenu désuet quand les véhicules à hydrocarbures ont détrôné les diligences, c’est aujourd’hui le tour de la TEP (tonne d’équivalent pétrole), référence des statistiques énergétiques internationales depuis 35 ans, de s’avérer inadaptée aux énergies modernes renouvelables, durables et non-carbonées.
Mais, plus important, il y a une autre notion dont nous mettons ici en cause la pertinence écologique : celle d’énergie primaire.
Elle fut conçue, à l’origine, pour rendre compte des rendements imparfaits des processus de transformation des énergies fossiles, dites primaires, en énergie finale (thermique, mécanique, électrique, …), celle mise à la disposition du consommateur.
Aujourd’hui, l'énergie primaire est devenue inadaptée aux rendements (d’une tout autre nature que les rendements thermodynamiques des énergies fossiles en déclin) qui sont ceux aérodynamiques (des éoliennes), photoniques (des capteurs solaires) ou nucléaires (de l’uranium).
Afin de tenter de prolonger artificiellement l’usage du concept d’énergie primaire adapté aux fossiles, la percée des énergies modernes a nécessité l’adoption de coefficients arbitraires de conversion (primaire/finale) souvent complexes et trompeurs, ou délibérément erronés par souci de simplification.
Ces conventions artificielles de conversion d’énergie finale en énergie primaire sont malheureusement responsables d’incohérences dommageables au climat et à la préservation des ressources naturelles (tout en étant encore utilisées dans certaines réglementations internationales, et dans la très critiquable réglementation française thermique du bâtiment RT2012).
Notre argumentaire prend en effet le contre-pied des positions (parfois idéologiques et partisanes) auxquelles s'accrochent encore l'ADEME ou le lobby NEGAWATT pour continuer à faire vivre "l'usine à gaz" des énergies primaires et de leurs coefficients et conventions artificiels, avec tous leurs travers pour le climat et l'environnement.
Après avoir analysé les inconvénients et les effets contre-productifs de la référence à l'énergie primaire, l'article en objet préconise l'énergie finale comme paramètre de pilotage de la transition énergétique, ainsi que l'abandon de l’énergie primaire et de "l'équivalence pétrole" dans les statistiques énergétiques.
Sans présager de ce dont après demain sera fait, notre triple feuille de route pour le XXIème siècle est simple:
(i) limitons nos consommations d’énergie FINALE, (ii) réduisons, de façon juste et équitable, nos consommations de RESSOURCES naturelles non durables ni recyclables, et (iii) éliminons notre empreinte CARBONE atmosphérique.

Jean-Luc Salanave

Plan solaire d'EDF: un parachute qui s'ouvre une fois sur huit

Après l'annonce mi-décembre du plan solaire à 25 milliards d'euros d'EDF, applaudi unanimement par la presse et les médias, le journal La Croix a publié ma réaction (voir lien ICI), qui propose quelques clés de lecture "non journalistiques" pour éclairer les citoyens consommateurs consentants que nous sommes, qui allons indirectement subventionner cet énorme investissement:


La Croix du 12 décembre 2017 révèle qu’EDF va dépenser 25 milliards d’euros pour un plan solaire de 30 gigawatts qui « ne remet pas en cause ses investissements dans le nucléaire ». 25 milliards dans le solaire c’est équivalent, mais moins rentable, que les 24 milliards à investir dans les deux réacteurs EPR anglais d’Hinkley Point : ces derniers, avec leurs 3,2 gigawatts, vont produire annuellement quasi autant d’électricité que les 30 gigawatts de solaire (car le solaire ne produit que 1100 heures par an, soit une heure sur 8), et ceci pendant plus de 60 ans (30 ans pour le solaire), et surtout rémunérés à EDF plus de 100 euros par mégawattheure (soit deux fois plus qu’un mégawattheure solaire au prix de marché). Il se trouve que 25 milliards d’euros c’est aussi l’investissement nécessaire à EDF pour prolonger de 20 ans avec toutes les garanties de sûreté 30 gigawatts de nos centrales nucléaires existantes. Et on sait que 30 gigawatts de nucléaire ça produit 8 fois plus d’électricité que 30 gigawatts de solaire. Sans oublier que 25 milliards d’euros de capteurs solaires à importer ça va encore alourdir notre déficit commercial. Mais la comparaison s’arrête là. A dépense égale l’Etat, actionnaire d’EDF, préfère peut-être le parachute solaire doré qui ne s’ouvre qu’une fois sur huit au parachute nucléaire qui s’ouvre à toute heure du jour et de la nuit !
 
Jean-Luc Salanave (8/1/2018)

Quand le solaire augmente l'empreinte carbone des français !

Le journal La Croix a publié, sous le titre "nucléaire", ma réaction à une idée reçue sur les émissions de CO2 (voir lien ICI):

Que nous soyons pro ou anti-nucléaires notre hypocrisie doit cesser : la France n’est pas le bon élève écologique qu’elle prétend. Certes en 20 ans nos émissions internes de CO2 sont passées de 7tCO2/hab à 5tCO2/hab, mais par nos importations nous délocalisons nos caprices polluants à l’étranger! Selon le ministère de l’environnement, les statistiques Eurostat montrent que l’ « empreinte CO2 » réelle de chaque français a augmenté de 11,6 tCO2/hab en 2014 à 11,9 tCO2/hab en 2015 ! Tout cela parce que nous importons par exemple des capteurs photovoltaïques, fabriqués en Asie ou en Allemagne à base d’énergie charbon, ou que nous importons pendant nos pointes hivernales de l’électricité charbon venant d’Allemagne. Balayons donc devant notre porte et ne donnons pas de leçons, notamment aux chinois qualifiés collectivement de « plus gros émetteurs de CO2 du monde ». En réalité, l’empreinte carbone individuelle d’un chinois est plus faible que celle d’un français.

Jean-Luc Salanave (20/11/2017)

Sûreté nucléaire : qui arrêtera l’ASN !

note: le journal La Croix qui a reçu ce billet le 1er octobre 2017 n'a pas souhaité le publier

« L’Autorité de Sûreté Nucléaire oblige EDF à stopper les quatre réacteurs de Tricastin » (La Croix du 29 septembre 2017). En lisant les raisons de cette demande on croit rêver ! Mais qui arrêtera l’ASN ? Faudra-t-il que les consommateurs et contribuables, furieux tout comme moi, disent un jour stop, arrêtons de détruire de la valeur et de la confiance dans ce pays ?! Cette centrale nucléaire de Tricastin fonctionne depuis 40 ans. Elle est conçue pour résister sans dommage à un séisme. La digue du canal de Donzère-Mondragon, tout proche, est même conçue pour résister au séisme « le plus important observé dans la zone depuis mille ans ». Eh bien l’ASN demande désormais que cette digue résiste à un séisme cinq fois plus fort, qui ne se produira peut-être jamais dans le prochain million d’années ! Certes s’il venait à se produire il pourrait y avoir des morts, comme ceux de Fukushima au Japon. Mais l’ASN aurait-elle déjà oublié les leçons de Fukushima ? Ce sont le séisme et le tsunami qui y ont fait 18000 morts, pas l’accident nucléaire, qui selon les autorités sanitaires internationales n’a pas fait de victimes et n’en fera sans doute pas, y compris parmi les descendants de Fukushima (voir les rapports OMS et ONU/UNSCEAR). L’ASN aurait-elle une raison valable, à l’approche de l’hiver, de nous priver de cette centrale sans problème, qui produit un mégawattheure parmi les moins chers du monde (environ 30€/MWh selon la Cours des Comptes) alors qu’on force par ailleurs chaque consommateur à payer de l’électricité solaire subventionnée à un prix dix fois plus élevé (environ 300€/MWh en moyenne en 2017 via la taxe CSPE de nos factures) ! Citoyens réagissons !

Jean-Luc Salanave