Gilets
jaunes et pouvoir d’achat :
une
idée à 121 milliards d’euros
Décider un moratoire sur les aides au
photovoltaïque et à l’éolien
121 milliards d’euros c’est selon la Cour
des Comptes
les primes au solaire photovoltaïque et à l’éolien qui restent à payer
(essentiellement en taxes à la pompe à essence), pour financer uniquement les
contrats d’aides signés avant 2017. Une somme incroyable ! Un moratoire
immédiat sur ces aides ferait économiser 4000 euros par ménage français !
Un tel moratoire serait d’autant plus légitime que, de l’aveu même des
promoteurs de ces énergies renouvelables électrogènes, ces dernières sont
désormais compétitives grâce à l’énorme effort consenti par les contribuables
et consommateurs depuis maintenant 10 ans.
Revenir sur les engagements pris
demande du courage politique
Aucun
gouvernement n’aime revenir sur des engagements, même sur ceux pris par ses
prédécesseurs. Mais l’Espagne l’a fait, en décrétant le même type de moratoire
dès 2013, alors que le pays ne maitrisait plus la bulle spéculative et les
surcoûts liés, comme chez nous, au financement trop généreux de l’éolien et du
photovoltaïque.
Certes la
décision espagnole a fait des mécontents, et quelques-uns ont été dédommagés, mais
le rééquilibrage a fait gagner des milliards d’euros aux petits contribuables
espagnols. A nous de trouver une indemnisation équitable envers, d’une part,
ceux qui verraient un contrat se terminer à leur détriment (mais qui en auront
bénéficié quelques années, certains pendant déjà 10 ans), et, les autres, l’immense
majorité des citoyens consommateurs, qui ont mis la main à la poche depuis des
années pour financer ce système.
Un tel moratoire est-il envisageable
en France ?
L’idée n’est
pas de cesser de rémunérer les kWh solaires ou éoliens, ni même de leur retirer
prématurément le privilège de l’obligation d’achat par EDF, privilège pourtant jugé
abusif et anticoncurrentiel par les autres producteurs soumis aux lois normales
de l’offre et de la demande. Pas question non plus de décourager
l’autoconsommation. Il s’agit juste, après 10 ans de soutien généreux, de rémunérer
désormais les ventes au juste prix de marché, et de décréter un moratoire sur le
complément de rémunération dont bénéficient ces kWh intermittents. C’est ce
complément qui est aujourd’hui supporté par les automobilistes (TICPE) après
avoir été supporté par les consommateurs d’électricité (CSPE, d’ailleurs
« supprimée » fin 2015 et pourtant toujours sur nos factures).
En outre, ce
chiffre de 121 Md€ n’est que le début de cette bulle spéculative, qui, si on ne
l’arrête pas, pourrait plus que doubler de taille si l’annonce du chef de
l’Etat de tripler à l’avenir le nombre d’éoliennes et de capteurs solaires PV
se réalisait. Comme en Espagne, il est temps pour notre pouvoir d’achat de
stopper l’hémorragie.
Faut-il pour autant oublier la lutte
contre le réchauffement climatique ?
Un tel
moratoire ne se ferait-il pas au détriment du climat ? La réponse est non.
C’est toute la beauté et l’ironie de nos premiers tâtonnements dans cette
guerre fiscale de longue haleine contre le réchauffement climatique : les
indicateurs publiés par le ministère de l’environnement montrent que les quelques
37 milliards d’euros que nous avons déjà dépensés avant 2019 pour soutenir le
solaire PV et l’éolien n’ont pas eu l'effet environnemental escompté; pire, on
observe depuis maintenant 3 ans une remontée
de nos émissions de CO2, et les chiffres attendus de 2018 pourrait
confirmer la tendance.
Pourquoi est-il inutile au
climat (voire nuisible) de subventionner éolien et photovoltaïque en France ?
Car ces
milliards déjà prélevés dans le porte-monnaie des consommateurs ont été largement
focalisés sur l’électricité (déjà dé-carbonée) au lieu d’être consacrés à
réduire les deux causes essentielles d’émissions de CO2 de notre pays:
l’essence et le gazole de nos transports, et le gaz et le fuel de nos
chauffages.
Et si,
comme l’affirment désormais de nombreux spécialistes, il y a bien un lien entre
les problèmes de gestion de l’intermittence des renouvelables électriques et
nos émissions de CO2, un moratoire sur ces 121 milliards serait donc doublement
gagnant : pour le pouvoir d’achat des plus modestes et pour le climat.
Sans parler
du fait que la fabrication des équipements éoliens et surtout photovoltaïques que
nous importons de l’étranger est, elle aussi, énergivore et émettrice de CO2,
ainsi que consommatrice de métaux et de ressources rares. En limitant ses
importations, la France limiterait son empreinte carbone hypocritement délocalisée,
notamment en Asie dont les émissions destinées à satisfaire nos besoins
polluent notre même planète.
Une transition énergétique sans perte
de pouvoir d’achat, c’est possible
Plusieurs solutions
existent pour retrouver du pouvoir d’achat. Les plus efficaces dans le domaine
de l’énergie sont parfois les plus simples, celles qui sont sous nos yeux et
que nous avions oubliées. Si aucune solution énergétique n’est parfaite,
choisissons au moins les meilleures.
La bulle
spéculative des renouvelables électrogènes nous coûte très cher, pour une
efficacité écologique quasi nulle, faisant dire à la Cour des Comptes qu’il
convient désormais d’inverser le « net déséquilibre entre les
renouvelables électriques et les renouvelables thermiques » en faveurs des
derniers, bien moins coûteux et pourtant plus efficaces pour l’environnement.
Par
exemple, dans presque toute la France le solaire thermique permet, pendant au
moins six mois par an et sans consommer un seul kilowattheure, de produire de
l’eau chaude, qu’un simple ballon suffit à stocker ; c’est de la simple plomberie
et des emplois nationaux.
L’isolation
thermique des bâtiments permet de réduire considérablement les factures
énergétiques de chauffage. Commençons par supprimer les passoires thermiques.
Pour ceux
qui se chauffent encore au gaz naturel ou au fuel (d’ailleurs importés) le
passage au chauffage électrique est un moyen simple (et encore moins coûteux
que d’améliorer l’isolation) pour diviser par quatre leurs émissions de CO2.
Ceux qui se
chauffent déjà à l’électricité décarbonée peuvent diviser par deux leur facture
électrique de chauffage en installant une pompe à chaleur qui, à la différence
de l’éolien ou du photovoltaïque intermittents, va prélever de jour comme de
nuit l’énergie renouvelable gratuite de l’air ou du sol pour deux tiers de ses
besoins.
Concernant
le transport routier, principal responsable de nos émissions de CO2, les études
internationales montrent que la France est un des rares pays où la voiture
électrique permet, dès aujourd’hui, de diviser d’un facteur dix les émissions
de CO2 comparées à une voiture à essence, alors que dans le reste du monde on
ne gagnera pas même un facteur deux.
Concernant
le nucléaire, pourquoi faire les poches des français tout de suite en arrêtant
Fessenheim, centrale la moins jeune mais dont l’électricité est la moins chère
et la plus sûre de France ; dont le président
de l’Autorité de Sureté lui-même vient de dire que c’est « la centrale
d’EDF qui présente les meilleurs résultats en termes de sûreté », et qu’ « il
y a longtemps qu’une centrale d’EDF n’avait pas présenté un tel niveau de
performances d’exploitation ». Rien ne presse. Même l’ADEME, qui semble pourtant
cruellement manquer de compétences dans une énergie nationale responsable des
trois quarts de notre électricité, reconnait dans son rapport
de décembre 2018
que photovoltaïque et éolien auront du mal à atteindre une telle compétitivité:
« une prolongation trop forte du nucléaire historique maintiendrait les
prix de marché bas et déséquilibrerait la rentabilité de tous les moyens de
production » ; ou encore lorsque son président écrit qu’il serait bon
que notre transition écologique s’appuie sur « une prolongation mesurée du
parc nucléaire pour modérer le coût de cette transition » ; en
d’autres termes, pour restaurer notre pouvoir d’achat.
Les exemples
qui précèdent ne constituent pas une liste exhaustive, mais représentent des
mesures de bon sens qui reposent sur des solutions éprouvées, efficaces pour le
climat, et répondant à un modèle économique sobre et vertueux. L’effort
national pour les financer, une fois la majeure partie des 121 milliards d’aide
au photovoltaïque et à l’éolien restitués au pouvoir d’achat des français les
plus modestes, cet effort serait raisonnable et largement supportable par notre
économie. C’est en tout cas le message de la Cour des Comptes, comme celui de
plusieurs ONG (comme le démontre le scénario Négatep chiffré par Sauvons Le
Climat qui vise pourtant bien une réduction d’un facteur quatre de nos
émissions à l’horizon 2050, compatible avec l’Accord de Paris sur le Climat)
Pour notre pays endetté, pourquoi
faire cher et compliqué quand on peut faire simple tout en créant de la
valeur ?
Nos voisins
espagnols ont su rectifier à temps leur mauvaise trajectoire. A nous il aura fallu
attendre le ras le bol des « gilets jaunes » pour qu’enfin deviennent
audibles les alertes de la Cour des Comptes, de l’Académie des Sciences, tout
comme celles des citoyens lanceurs d’alerte de la Fédération Environnement Durable, de Sauvons le Climat, de l’Association
des Ecologistes pour le Nucléaire ou de l’ARSCA, qui tous défendent les énergies durables et le pouvoir
d’achat. Il est temps de stopper les aides au photovoltaïque et à l’éolien.