dimanche 26 janvier 2025

Dépenses publiques: lettre (en béarnais) à François Bayrou 1er Ministre

Depuis le rattachement de la France au Béarn 😀, en 1620, un premier Ministre, fut-il béarnais, se doit de traiter les expressions citoyennes sans favoritisme régional. La lettre qui suit, adressée par un citoyen béarnais de Paris au premier Ministre lui aussi béarnais ne doit pas faire exception. Identique à celle adressée dès septembre 2024 à Michel Barnier, elle propose à François Bayrou des pistes simples, réalistes et rapides pour réduire drastiquement une partie des dépenses publiques, notamment énergétiques et climatiques. Elle n'engage que son auteur, mais depuis son envoi son contenu a déjà été soutenu et repris par 80 parlementaires dans une tribune publiée par le magazine Le Point le 13 janvier 2025.


De : Jean-Luc Salanave
Citoyen, spécialiste et acteur de l'énergie
64440 Laruns, Béarn
Tél 06 14 93 62 85; salanave@yahoo.fr
À :
Monsieur François Bayrou
Premier Ministre
Hôtel de Matignon, 57 rue de Varenne, 75007 Paris


Objet: pour réduire les déficits et la dette de la France supprimons les dépenses énergétiques inutiles (celles nuisibles au climat, à notre souveraineté énergétique, aux ressources naturelles, celles qui ont fait monter les prix de l'électricité au détriment de notre économie, de notre ré-industrialisation et des consommateurs)


Moussu lou Permè Ministre,


Permetet-me de-p perpausà aqueres mesures entà bachà (de miliars d'èuros) las despénses publiques. Que soy especialìst de l'energie, proufessou a l'escòle Centrale de Paris, yé artisâ e fièr de la transiciou nucleare escadude en 1975-2000 e de la noust electricitat, labéts la ménch care d'Europe, au serbici deus citoayéns e de l'ecounoumie, e exemplare enta l'enbirounamén.

De nombreux chantiers sont devant vous pour réduire les dépenses de la France. Les propositions ci-dessous se concentrent sur un seul d'entre eux, décisif: le chantier de notre transition énergétique, source à lui seul de centaines de milliards d'économies potentielles (300 milliards d'euros ont déjà été inutilement dépensés depuis 2009, et bien plus à venir selon la Cour des Comptes si on ne corrige pas nos PPE3 et SNBC31).

Face à notre Assemblée Nationale aujourd'hui sans majorité, les mesures proposées ci-dessous présentent l'intérêt de ne pas avoir de couleur politique et de ne reposer ni sur des opinions, ni sur des idéologies, mais sur des faits incontestables, parfois peu glorieux, révélés aux yeux de tous par la Commission Parlementaire Schellenberger-Armand de 2023 (sur les causes de notre perte de souveraineté énergétique) et par la Commission Sénatoriale Montaugé-Delahaye de 2024 (sur les causes de la flambée des prix de notre électricité). L’absence de prise en compte des recommandations de ces deux commissions relèverait d'un "déni de démocratie".

Point n'est question ici de réduire les dépenses publiques porteuses demain de bénéfices pour notre économie, pour notre souveraineté énergétique ou encore pour le climat. Mais, il s'avère possible2 de redéfinir nos dépenses sans avoir à choisir entre "la dette ou le climat" ni entre "fin du monde ou fin du mois".

Il suffit pour cela de mettre fin aux excès de notre stratégie éolo-voltaïque, que nous avions cru un temps complémentaire de notre système électro-hydro-nucléaire, ceci par excès de confiance dans les promesses des renouvelables, et aussi par notre soumission passive à des recommandations européennes faisant fi de la subsidiarité énergétique et des particularismes des Etats Membres, bafouant même parfois les traités fondateurs de l'Europe3 au profit d'intérêts particuliers, tant idéologiques que financiers, dont certains ont infiltré nos administrations et agences (comme l'ADEME, RTE ou la CRE).

Au regard de l'intérêt général et des réalités économiques, scientifiques, sociales et climatiques, à l'exception de toutes les autres contraintes qui peuvent s'imposer à un Premier Ministre, les remèdes et les solutions pour réduire nos dépenses sont simples:

1. Sans mettre fin aux énergies "renouvelables", prononcer dès 2025 un moratoire sur les aides, subventions, certificats "verts", garanties de rachat (parfois sur 20 ans), compléments de rémunération, primes d'installation et gratuité de raccordement accordés aux électricités photovoltaïque et éolienne; laisser les lois de l'offre et de la demande ainsi que la taxe carbone réguler librement les investissements énergétiques futurs.

La France a déjà engagé près de 300 milliards d'euros en subventions, soutiens et cadeaux divers accordés à ces deux technologies appelées (à tort) "renouvelables". Ce coût est responsable de la hausse régulière des prix observée depuis 2009. Il a aussi permis au solaire et à l'éolien de devenir matures et performants, au point que la hausse des prix de marché européen de l'électricité leur permet désormais de faire des bénéfices. Le moment est donc propice pour mettre fin à 15 années d'aides publiques. Certes cela mettra un coup de frein au rythme de développement débridé de ces énergies hier subventionnés, mais avec des effets vertueux pour nos dettes publique et climatique: réduction des dépenses fiscales (taxes) et budgétaires, réduction du déficit commercial (capteurs et éoliennes sont en effet importés); avec, en prime, amélioration de notre dette écologique par réduction de notre empreinte carbone (en effet, en France, les émissions de CO2 par kWh sont de 43,9 grammes pour le photovoltaïque, 14,1 grammes pour l'éolien, contre seulement 3,7 grammes pour le nucléaire4; réalités qui suffisent à confirmer, s'il était encore besoin, l'aberration de la priorité accordée en France aux renouvelables intermittents, obligeant le nucléaire à s'effacer, à chaque coup de vent ou de soleil, devant des kWh ... plus polluants - la France a été confondue avec l'Allemagne charbonnière et gazière !)

2. Abandonner la majeure partie des 200 milliards d'euros de dépenses programmées à partir de 2025 pour le raccordement aux réseaux de transport et de distribution des milliers de futures installations solaires et éoliennes qui étaient en projet avec répercussion sur le TURPE des factures de tous les consommateurs (100 milliards d'euros réclamés par RTE, 96 milliards d'euros par ENEDIS). Certes une partie (infime) de ces investissements est justifiée par le développement futur du parc nucléaire (qui n'a nécessité, faut-il le rappeler, que de 19 points de raccordement au réseau national de transport - contre les dizaines de milliers de nouveaux raccordements éolo-voltaïques). Il conviendrait aussi d'interdire à RTE de continuer à offrir aux investisseurs éoliens en mer (souvent étrangers) la gratuité du raccordement au réseau électrique national aux frais du contribuable/consommateur français.

3. Mettre fin définitivement au système de l'ARENH (accès régulé à l'électricité nucléaire historique) qui, au final, a spolié les consommateurs français (en leur confisquant la "rente nucléaire" qu'ils ont financée pendant 40 ans par leurs factures, sans aucun argent public). Ce système a par ailleurs coûté plus de 15 milliards d'euros de manque à gagner à EDF selon la Cour des Comptes.

L’Autorité de la Concurrence, dressant le bilan des "objectifs assignés à l’ARENH, à savoir l’émergence de la concurrence à l’amont et la baisse significative des prix de détail en aval", constate qu' "aucun de ces objectifs n’a été atteint". Ce dispositif, mis en place par la France sous pression de Bruxelles en contrepartie du maintien du TRV (tarif régulé de vente), a contraint EDF à vendre à des "concurrents" artificiels plus du quart de sa production électronucléaire à prix coûtant pendant 15 ans. Des dizaines de nouveaux "fournisseurs alternatifs" ont ainsi pu prendre à EDF plusieurs millions de clients. Mais les milliards d'euros qu'ils ont ainsi encaissés n'ont pas été utilisés pour financer, comme prévu, des capacités électriques concurrentes. Si les 100 térawattheures annuels de l'ARENH à 42 €/MWh avaient été proposés à nos PME et à nos industriels, nombre de faillites et délocalisations causées par la flambée des factures électriques auraient été évitées.

4. Accélérer le projet national de construction de 14 nouveaux réacteurs nucléaires.

On ne peut pas "en même temps" prétendre que le nucléaire ne sera pas prêt pour assurer notre neutralité carbone en 2050 et tolérer les lourdeurs décisionnelles et administratives qui le retardent. Deux ans suffisaient pour instruire un dossier de sûreté de construction d'un réacteur en 1980, il faut cinq ans aujourd'hui, nullement justifiés au vu de l'excellence de notre industrie (aucune "victime nucléaire" en quarante ans d'exploitation et de gestion exemplaire de ses déchets). Notre "sûreté quoi qu'il en coûte" doit laisser place à l'approche pragmatique "coûts / bénéfices de sûreté" pratiquée partout dans le monde.

Ce programme de renouvellement nucléaire est une source potentielle d'immenses économies; les 300 milliards d'euros engagés pour les renouvelables ces dernières années (pour un bénéfice climatique quasi nul, et un doublement en 15 ans du prix de nos factures électriques) aurait permis la construction de 40 réacteurs EPR2 (ou bien l'importation de leurs équivalents chinois comme nous le faisons pour les capteurs solaires) et aurait garanti pour longtemps notre souveraineté énergétique et notre excellence climatique (en assurant notre neutralité carbone en 2050, ou au pire en 2060 - comme visé par la Chine - si nous persistions à ne pas "dégraisser" nos lourdeurs et lenteurs administratives).

Un soutien assumé de l'Etat à ce programme nucléaire durable permettrait aussi aux emprunts bancaires et financiers de le financer à des taux plus bas (comme en bénéficient les renouvelables), autre source potentielle d'énormes économies en amont et de prix électriques bas en aval.

5. Recentrer notre politique énergétique sur quatre objectifs prioritaires: (i) souveraineté énergétique (limiter nos importations de pétrole, gaz, capteurs solaires, éoliennes), (ii) réduction du CO2 ("décarboner" doit passer avant la "mode éolovoltaïque"), (iii) prix bas (retrouver ceux de 2009 afin de redonner du pouvoir d'achat aux consommateurs et un élan à notre réindustrialisation, (iv) préservation des ressources naturelles (privilégier les technologies durables, les moins consommatrices en matériaux, métaux et ressources naturelles5).

PNC-France (patrimoine nucléaire et climat) propose de lancer sans tarder une étude d’impact économique et technique (qui pourrait être confiée à L’OPECST avec l’appui des Académies des sciences et des technologies) pour que les adoptions prochaines de la PPE3 (programmation pluriannuelle de l'énergie) et de la SNBC3 (stratégie nationale bas carbone) reposent sur des bases rationnelles, à l'exclusion des modes (parfois dictées par Bruxelles) et des idéologies, afin de limiter les dépenses publiques aux quatre objectifs ci-dessus.

6. Réduire voire supprimer les agences nationales et administrations inefficaces ou inutiles.

Parmi les centaines d'agences publiques au service de l'Etat certaines (comme l'ADEME, le CESE, ...) sont montrées du doigt comme étant ou étant devenues des distributeurs d'argent public ou des centres de dépenses sans valeur ajoutée. Il est de votre devoir de mener un audit sur les sources d'économies réalisables sur les quelques 80 milliards d'euros annuels liés au fonctionnement de ces centaine d'agences, sans exclure, le cas échant, la reprise de tout ou partie de leurs missions par les administrations de tutelle.

Partadjades per citoayéns "de Frànce e de Nabàrre", per eminéns scientifics e enterprenurs, tau coum per dus Coumissioûs Parlementàri e Senatouriàu, aquéres proupousicioûs que soun, Moussu lou Permè Minìstr, lous nousts sauneys e lous nousts bots enta ue Boune Anàde 2025, acoumpagnade de hère d'àutes enta bacha la déutẹ de la France, e proutedya las joénes generacious e lou climàt.

Dap la mée hàute counsideracioû.

Jean-Luc Salanave, le 6 janvier 2025

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PJ: mon CV

J'appartiens à la génération qui dans les années 1970-1980 a rêvé d'une France capable de devenir indépendante et florissante, de s'émanciper du pétrole (crise de 1973) et de fournir à chaque citoyen et à notre économie une électricité abondante, bon marché, équitable, respectueuse des ressources naturelles, sûre et exemplaire avant l'heure pour le climat et l'environnement. Nous avons collectivement réalisé ce rêve dont nous avons profité durant 40 ans.

Je suis français, scientifique, actuellement professeur à l'école CentraleSupelec, ancien industriel, spécialiste de la transition énergétique. Je suis expert et porte-parole au sein d'associations de défense de l'environnement (PNC-France présidé par Bernard Accoyer ancien Président de l'Assemblée Nationale, Sauvons le Climat, UARGA, AEPN, FED, Voix du Nucléaire). Je soutiens les scénarios énergétiques NégaTep et TerraWater (tout en critiquant le scénario NégaWatt de l'Ademe). J'ai été relecteur du rapport spécial 2018 du GIEC sur le climat. J'ai été un acteur du programme nucléaire. J'ai fréquenté le marché électrique pour le compte du plus gros consommateur européen (EURODIF). J'ai participé au programme international de recherche sur la fusion de l’hydrogène. Je possède un master d’astrophysique (1987, USA) et suis diplômé de l’École Centrale de Paris (1974).

Sur le thème du présent courrier, j'ai eu l'honneur d'être auditionné (audition privée) début 2024 par la Commission d'enquête sénatoriale sur la production, la consommation et le prix de l’électricité aux horizons 2035 et 2050 (président Frank Montaugé, rapporteur Vincent Delahaye).

Jean-Luc Salanave

1 PPE: Programmation Pluriannuelle de l'Energie; SNBC: Stratégie Nationale Bas Carbone

2 Selon la Cour des Comptes, les Académies des Sciences et des Technologies, PNC-France, le scénario NégaTep (ne pas confoncre avec NégaWatt), le scénario TerraWater, les Commissions Parlementaires Schellenberger-Armand (2023) et Montaugé-Delahaye (2024)

3 Traité Euratom de 1957

4 Sur l'ensemble du cycle de vie (de la mine aux déchets futurs); source: base carbone de l'ADEME (ou aussi: Centre Commun de Recherche de l'UE)

5 Comparés au nucléaire (pour chaque kWh produit), photovoltaïque et éolien nécessitent environ dix fois plus de métaux et ressources naturelles rares (et pour l'éolien dix fois plus de béton), cent fois plus de surfaces, et produisent donc aussi bien plus de déchets de démantèlement/recyclage que le nucléaire


mercredi 27 novembre 2024

L'uranium: fossile ou fissile ? La désinformation laisse toujours des traces !

Non l'uranium n'est pas un combustible fossile !

Cette confusion entre FOSSILE et FISSILE, erreur de français dans le meilleur des cas, continue à polluer les esprits des citoyens en refaisant occasionnellement surface dans les médias (relevée encore récemment dans l'article de La Croix du 25/10/2024 sur l'uranium du Niger).

C'est une preuve, s'il en était besoin, que la désinformation laisse toujours des traces. Il faut se rappeler que l'ADEME (agence Antinucléaire de l'Environnement et de la Maitrise de l'Energie !) avait longtemps entretenu la confusion en classant l'uranium parmi les combustibles FOSSILES (!) dans ses infographies sur l'énergie; ces dernières, largement diffusées dans les écoles de France et de Navarre, avaient même semé parfois le doute jusque chez certains journalistes (la preuve !), voire certains hommes et femmes politiques.

Depuis, l'infographie trompeuse de l'ADEME a été discrètement retirée, sans que n'ait été avouée une quelconque intention de ternir l'image du nucléaire.

La Croix a accepté de publier (dans son journal du 14/11/2024) mon correctif ci-dessous:

" Non, l'uranium n'est pas un combustible fossile, mais bel et bien un combustible fissile. FOSSILE se dit des débris végétaux ou animaux conservés dans le sous-sol (charbon, pétrole, gaz naturel) qui constituent des énergies chimiques carbonées responsables du dérèglement climatique. FISSILE se dit des atomes capables de fissionner (pour produire de l'énergie nucléaire, et non pas chimique comme pour les fossiles) et qui constituent une solution vertueuse et peu carbonée pour mettre fin au réchauffement climatique. Jean-Luc Salanave"


lundi 30 septembre 2024

Idées pour réduire les dépenses publiques: lettre au 1er Ministre et à la Ministre de la transition écologique, de l'énergie, du climat et de la réduction des risques

Réduction des dépenses publiques:

lettre d'un citoyen, spécialiste et acteur de l'énergie, à Michel BARNIER et Agnès PANNIER-RUNACHER (le 30 septembre 2024):

https://drive.google.com/file/d/10IgxRxZ3p-4k-NU1kx35Bjlj1MbHixH1/view?usp=drive_link


Monsieur le Premier Ministre,

Madame la Ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques,

Permettez moi de porter à votre attention ces propositions, concernant notre politique énergétique, qui contribueraient à réduire rapidement de plusieurs milliards d'euros les dépenses de notre pays. Tout en ne nuisant pas à nos engagements climatiques, ces mesures permettraient aussi de réduire la pression exercée par certaines taxes (CSPE, TICFE) sur les contribuables et conduirait à une baisse des prix de l'électricité au bénéfice des entreprises et des consommateurs.

1. Prononcer un moratoire immédiat sur les aides, subventions, certificats "verts", garanties de rachat et compléments de rémunération dont bénéficient les projets photovoltaïques et éoliens, et laisser les lois de l'offre et de la demande ainsi que la taxe carbone réguler librement les investissements énergétiques futurs à compter de 2025.

La France a déjà engagé plus de 200 milliards d'euros (dont 121 Mds avant 2017 selon le rapport 2018 de la Cour des Comptes) en subventions, soutiens, tarifs de rachat garantis, compléments de rémunération, primes d'installation et cadeaux divers accordés à ces deux technologies appelées (à tort) "renouvelables". Ces aides ont fini par renchérir l'électricité et expliquent la hausse régulière des prix observée depuis 2009. Mais ces aides ont aussi permis au solaire et à l'éolien de devenir matures et performants, au point que la forte hausse des prix de marché européen de l'électricité permet désormais aux opérateurs, notamment éoliens, de faire des bénéfices (en partie reversés à l'Etat pour la partie dépassant le seuil du complément de rémunération de leur contrat d'aide). Le moment est donc propice pour mettre fin à 15 années d'aides publiques. Certes cela mettra un coup de frein au rythme de développement débridé des renouvelables hier subventionnés. Mais les effets seront vertueux pour nos dettes publique et climatique: réduction des dépenses budgétaires, réduction du déficit commercial (capteurs et éoliennes sont en effet importés) et amélioration de notre dette écologique par réduction de notre empreinte carbone (en effet, selon l'ADEME, les émissions de CO2 par kWh sont de 43,9 grammes pour le photovoltaïque, 14,1 grammes pour l'éolien, contre seulement 3,7 grammes pour le nucléaire; réalités qui suffisent à confirmer, s'il était encore besoin, l'aberration de la priorité accordée à ces renouvelables intermittents, obligeant le nucléaire à s'effacer, à chaque coup de vent ou de soleil, devant des kWh aléatoires et ... plus polluants).

2. Abandonner une grande partie des 200 milliards d'euros de dépenses programmées à partir de 2025 pour le raccordement aux réseaux de transport et de distribution des milliers de futures installations solaires et éoliennes que l'Europe nous suggère d'installer (100 milliards d'euros par RTE, 96 milliards d'euros par ENEDIS). Certes une partie (infime) de ces investissements est justifiée par le développement futur du parc nucléaire (qui n'a nécessité, faut-il le rappeler, que de 19 points de raccordement au réseau national de transport). Il conviendrait aussi d'interdire à RTE de continuer à offrir aux investisseurs éoliens en mer (souvent étrangers) la gratuité du raccordement au réseau aux frais du contribuable/consommateur français.

3. Mettre fin définitivement au système de l'ARENH (accès régulé à l'électricité nucléaire historique) qui, au final, a spolié les consommateurs français (en leur confisquant la "rente nucléaire" qu'ils ont financée pendant 40 ans sans aucun argent public). Ce système a par ailleurs coûté plus de 15 milliards d'euros de manque à gagner à EDF selon la Cour des Comptes.

L’Autorité de la Concurrence, dressant le bilan des "objectifs assignés à l’ARENH, à savoir l’émergence de la concurrence à l’amont et la baisse significative des prix de détail en aval", constate qu' "aucun de ces objectifs n’a été atteint". Ce dispositif, mis en place par la France sous pression de Bruxelles en contrepartie du maintien du TRV (tarif régulé de vente), a contraint EDF à vendre à des "concurrents" artificiels plus du quart de sa production électronucléaire à prix coûtant pendant 15 ans. Des dizaines de nouveaux "fournisseurs alternatifs" ont ainsi pu prendre à EDF plusieurs millions de clients, mais les milliards d'euros qu'ils ont ainsi encaissés n'ont pas été utilisés pour financer, comme prévu, des capacités électriques concurrentes. Si les 100 térawattheures à 42 €/MWh de l'ARENH avaient plutôt été proposés à nos PME et à nos industriels nombre de faillites et délocalisations causées par la flambée des factures électriques auraient été évitées.

4. Accélérer le projet national de construction de 14 nouveaux réacteurs nucléaires.

On ne peut pas "en même temps" prétendre que le nucléaire ne sera pas prêt pour assurer notre neutralité carbone en 2050 et tolérer les lourdeurs décisionnelles et administratives qui le retardent. Deux ans suffisaient pour instruire un dossier de sûreté de construction en 1980, il faut cinq ans aujourd'hui, sans que ce ne soit justifié au vu de l'excellence de notre industrie (aucune "victime nucléaire" en quarante ans d'exploitation et de gestion exemplaire de ses déchets). Notre dérive vers la "sûreté quoi qu'il en coûte" doit revenir à l'approche "coûts/bénéfices de sûreté" pratiquée partout dans le monde.

Ce programme de renouvellement nucléaire est une source potentielle d'immenses économies; les 200 milliards d'euros dépensés pour les renouvelables ces dernières années (pour un bénéfice climatique quasi nul, et un doublement en 15 ans du prix de nos factures électriques) aurait permis la construction de plus de 25 réacteurs EPR2 (ou bien l'importation de leurs équivalents chinois comme nous le faisons pour les capteurs solaires) et aurait garanti pour longtemps notre souveraineté énergétique et notre excellence climatique.

5. Recentrer notre politique énergétique sur quatre objectifs prioritaires: (i) souveraineté énergétique (limiter nos importations de pétrole, gaz, capteurs solaires, éoliennes), (ii) réduction du CO2 ("décarboné" avant "renouvelable"), (iii) prix bas (retrouver ceux d'hier afin de redonner du pouvoir d'achat aux consommateurs et un élan à notre réindustrialisation, (iv) préservation des ressources naturelles (privilégier les technologies durables, les moins consommatrices en matériaux, métaux et ressources).

Pour cela, PNC-France (patrimoine nucléaire et climat) propose de lancer sans tarder une étude d’impact économique et technique (qui pourrait être confiée à L’OPECST avec l’appui des Académies des sciences et des technologies) pour que les adoptions prochaines de la PPE3 (programmation pluriannuelle de l'énergie) et de la SNBC (stratégie nationale bas carbone) reposent sur des bases rationnelles, à l'exclusion des modes (parfois dictées par Bruxelles) et des idéologies, afin de limiter les dépenses publiques aux quatre objectifs cités ci-dessus.

6. Réduire voire supprimer les agences nationales et administrations inefficaces ou inutiles.

Parmi les centaines d'agences publiques au service de l'Etat certaines (comme l'ADEME, le CESE, ...) sont montrées du doigt comme étant ou étant devenues des centres de dépenses sans grande valeur ajoutée pour la communauté et les politiques nationales. Mener un audit sur les sources d'économies réalisables sur les quelques 80 milliards d'euros liés au fonctionnement de ces agences, sans exclure la reprise de tout ou partie de leurs missions, le cas échant, par les administrations de tutelle.

Vous remerciant, Monsieur le Premier Ministre, Madame la Ministre, de l’attention que vous voudrez bien porter à mon courrier, je vous prie de croire en l’expression citoyenne de ma haute considération. 

Jean-Luc Salanave, 30/09/2024


ANNEXE: mon CV

J'appartiens à la génération qui dans les années 1970-1980 a rêvé d'une France capable de devenir indépendante et florissante, de s'émanciper du pétrole (crise de 1973) et de fournir à chaque citoyen et à notre économie une électricité abondante, bon marché, équitable, respectueuse des ressources naturelles, sûre et exemplaire avant l'heure pour le climat et l'environnement. Nous avons collectivement réalisé ce rêve et en avons profité durant 30 ans.

Je suis français, scientifique, actuellement professeur à l'école CentraleSupelec, ancien industriel, spécialiste de la transition énergétique. Je suis expert et parfois porte-parole au sein d'associations de défense de l'environnement (PNC-France présidé par Bernard Accoyer ancien Président de l'Assemblée Nationale, Sauvons le Climat, UARGA, AEPN, FED, Voix du Nucléaire). Je soutiens les scénarios énergétiques NégaTep et TerraWater (tout en critiquant le scénario NégaWatt de l'Ademe). J'ai été relecteur du rapport spécial 2018 du GIEC sur le climat. J'ai été un acteur du programme nucléaire. J'ai fréquenté le marché électrique pour le compte du plus gros consommateur européen (EURODIF). J'ai participé au programme international de recherche sur la fusion de l’hydrogène. Je possède un master d’astrophysique (1987, USA) et suis diplômé de l’École Centrale de Paris (1974).

Sur le thème du présent courrier, j'ai eu l'honneur d'être auditionné (audition privée) début 2024 par la Commission d'enquête sénatoriale sur la production, la consommation et le prix de l’électricité aux horizons 2035 et 2050 (président Frank Montaugé, rapporteur Vincent Delahaye).

Je demeure à disposition pour toute contribution que vous jugeriez utile. Jean-Luc Salanave