jeudi 23 février 2017

Fessenheim, coup de gueule citoyen (publié dans le journal La Croix du 17 Février 2017)

La Croix -vendredi 17 février 2017
Débats courrier
Fessenheim

La pression exercée par le gouvernement sur les administrateurs d’EDF, et dénoncée par la presse, aura finalement eu gain de cause puisque le conseil d’administration d’EDF vient, contre toute attente, d’accepter « le protocole d’indemnisation pour la fermeture de la centrale nucléaire, enclenchant la procédure d’arrêt » de Fessenheim. Ça ressemble à un dernier baroud d’un président sur le départ qui aura tenu à tout prix (plusieurs milliards) à réaliser une promesse de campagne non tenue mais pourtant déjà pardonnée par les 60 % de Français qui ne « souhaitent pas sortir du nucléaire ». C’est aussi un dernier pied de nez de ce président à tous les petits contribuables et consommateurs d’électricité qui vont devoir payer une fois de plus la facture. Non seulement les indemnités aux partenaires allemands et suisses de Fessenheim, mais surtout les 5 milliards d’euros de manque à gagner – selon la commission des finances du Sénat – pour une électricité sans CO2 et totalement amortie que Fessenheim ne produira pas, ainsi que les coûts sociaux des malheureux travailleurs de la centrale et de son tissu industriel local, et sans parler des importations pour compenser chaque année les 12 milliards de kWh de Fessenheim, continuant à creuser notre déficit commercial et notre dette abyssale. Que ce président « n’aime pas les riches » c’est son droit, mais alors qu’il le montre en cessant de favoriser ceux qui spéculent et s’enrichissent sur les renouvelables, qu’il le montre aussi en cessant de nous humilier, nous petits citoyens qui sommes en quelque sorte propriétaires de ce parc électrique que nous avons payé par nos factures depuis quarante ans, nous qui constituons bel et bien, avec l’état actionnaire, ce fameux « lobby nucléaire », comme nous appellent dédaigneusement les écologistes politiques et le lobby des renouvelables. Comment continuer à garder espoir quand tant de lobbys financiers et politiques, plus puissants que le lobby des citoyens, parviennent encore à obtenir gain de cause contre l’intérêt général ?


Jean-Luc Salanave

Pour accéder à l'article de La Croix cliquer ICI.

Quand cessera-t-on d’accuser le chauffage électrique ? Publié dans le journal La Croix du 15 Février 2017

La Croix -mercredi 15 février 2017
Débats - Courrier
Electricité

Quand cessera-t-on d’accuser le chauffage électrique ? A l’occasion de la vague de froid, de nombreux médias, encore influencés sans doute par les vieilles idées fausses de l’Ademe, s’en prennent à mots plus ou moins couverts au chauffage électrique, en écrivant, comme La Croix dans son article « Coup de froid sur le réseau électrique » du 17 janvier : « La France paie les conséquences du chauffage électrique », ajoutant « d’après l’Ademe… la consommation électrique des ménages ne cesse d’augmenter. » Oui, il faut s’attaquer au gaspillage d’électricité ou au manque d’isolation thermique de nos maisons, mais pas au chauffage électrique ! Par quoi voudrait-on le remplacer ? Par le gaz, le fioul, le charbon ou le bois, tous émetteurs de CO2 et disqualifiés par la COP21 ? Bien au contraire, en France, le chauffage électrique est à encourager (tout comme les pompes à chaleur elles aussi électriques). C’est un succès national, unique au monde, que notre électricité soit décarbonée à 94 % (grâce au nucléaire pour 75 %, l’hydraulique 12 %, l’éolien et le photovoltaïque pour 7 %). Et si comme le redoute l’Ademe notre « consommation électrique ne cesse d’augmenter », c’est un très bon signe qui prouve le début de notre transition énergétique vertueuse vers moins de chauffage au gaz et demain vers plus de voitures électriques, qu’il faudra bien elles aussi alimenter si on veut abandonner le pétrole. Donc cessons de rabâcher ces idées fausses qui n’ont plus cours depuis belle lurette et arrêtons de dénigrer nos succès ; et notre chauffage électrique, le plus écologique d’Europe, en est un. Le temps est venu désormais de la transition écologique et de la lutte urgente contre le CO2. L’électricité décarbonée y a toute sa place.


Jean-Luc Salanave

L'article de La Croix est accessible en cliquant ICI.