mercredi 13 mai 2020

Covid-19 ou pas, l'électricité "verte" reste masquée

Dernière nouvelle en ligne, publiée le 13/05/2020 par UARGA: ICI

Covid ou pas, l'électricité "verte" reste masquée

Une des conséquences inattendues du covid-19 aura été de rappeler que les offres d’électricité verte sont sous l’assistance d’une « perfusion » d’électricité nucléaire.

Quel rapport avec le covid ? C’est que la crise sanitaire a provoqué un effondrement de la demande en électricité. Du coup, des fournisseurs alternatifs d’électricité se sont prétendus en difficulté. Comme Total, Engie et des dizaines d’autres (dont certains affichent même une offre « 100 % renouvelable »), ces fournisseurs revendent de l’électricité nucléaire dite ARENH* achetée à EDF à un prix pourtant imbattable et encore hors de portée des meilleures énergies renouvelables, soit 4,2 centimes par kilowattheure.

Quelle raison auraient-ils donc de se plaindre ? C’est que le covid vient de faire tomber le prix de marché au-dessous de 3 centimes par kilowattheure. Une aubaine pour ces traders d’électricité purement financiers. Certes, ils se sont, en échange du prix bas, engagés ferme à acheter l’électricité nucléaire commandée. Mais, certains seraient prêts à rompre leur engagement ARENH en invoquant une « force majeure covid» pour s’enrichir un peu plus encore, spéculant sur la crise sanitaire en s’approvisionnant sur le marché déprimé.

En difficulté ? Du coup pas tant que ça ! Le grand perdant financièrement et industriellement c’est EDF, par ailleurs admirable pour assurer sa mission durant la crise. Tandis que pour ses concurrents le pile ou face avec le gouvernement reste gagnant-gagnant,

Côté pile, ils ont le privilège de profiter à prix coûtant de la rente nucléaire ARENH, laissant les soucis industriels à EDF. Mais en pleine crise Madame la Ministre Elisabeth Borne se devait de sauver les apparences et prévenait donc ces fournisseurs privilégiés (le 7 avril) qu’ils feraient mieux de ne pas « remettre en cause les volumes d'ARENH qu'ils avaient achetés », ni d’« essayer de tirer profit de la situation ». C’est bien la moindre des choses, quand on sait que dans une crise tout enrichissement supplémentaire des uns entraîne mathématiquement l’appauvrissement des autres dont in fine les contribuables.

Et, côté face, un autre privilège leur est discrètement maintenu : ces fournisseurs restent autorisés à peindre en « vert » cette électricité nucléaire, en toute légalité, en y « collant » des certificats de garantie d’origine renouvelable qui leur sont par ailleurs vendus aux enchères par … l’État !

Comment ce dernier se procure-t-il ces certificats ? Chaque fois que l’État prélève sur nous consommateurs les taxes qui subventionnent chaque kilowattheure renouvelable (CSPE hier, TICPE sur les carburants aujourd’hui) il s’octroie les lucratifs certificats d’origine verts correspondants en échange de la subvention qu’il accorde aux producteurs. Il serait en effet indécent que les producteurs d’électricité renouvelable puissent prétendre conserver à la fois le certificat vert et la subvention, sans laquelle leur électricité photovoltaïque et éolienne serait invendable.

En plein tintamarre autour du covid-19 l’État continue donc à tromper le consommateur. Et au vu de ces profits « verts » si bien protégés, le citoyen a aussi toutes raisons d’être inquiet sur la réelle volonté de nos dirigeants de faire contribuer la « finance verte » à l'effort national de reconstruction économique imposé demain à notre industrie, à EDF, à nos PME, commerçants, artisans, travailleurs et soignants. Et surtout, Monsieur le Président, ayez le courage de mettre un terme aux profits dits « verts » qui ne réduisent pas nos émissions de CO2.

JLS

*note ARENH : Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique, dispositif imposé à la France par l’Europe et dont bénéficient les fournisseurs électriques concurrents d’EDF depuis 2011 (73 demandes ont été adressées à la CRE pour 2020).

PS : si vous souhaitez agir pour le climat nous vous rappelons l’existence d’une pétition :
« Mon geste pour le climat: je veux un contrat électrique d'origine garantie 100% nucléaire»