La Croix -vendredi 17 février
2017
Débats courrier
Fessenheim
La pression exercée par le gouvernement sur les administrateurs
d’EDF, et dénoncée par la presse,
aura finalement eu gain de cause puisque le conseil d’administration d’EDF
vient, contre toute attente, d’accepter « le protocole d’indemnisation pour la fermeture de la centrale
nucléaire, enclenchant la procédure d’arrêt » de Fessenheim. Ça ressemble à un dernier baroud d’un président sur
le départ qui aura tenu à tout prix (plusieurs milliards) à réaliser une
promesse de campagne non tenue mais pourtant déjà pardonnée par les 60 % de
Français qui ne « souhaitent pas
sortir du nucléaire ». C’est aussi un dernier
pied de nez de ce président à tous les petits contribuables et consommateurs
d’électricité qui vont devoir payer une fois de plus la facture. Non seulement
les indemnités aux partenaires allemands et suisses de Fessenheim, mais surtout
les 5 milliards d’euros de manque à gagner – selon la commission des finances
du Sénat – pour une électricité sans CO2 et totalement amortie que Fessenheim ne produira pas, ainsi que
les coûts sociaux des malheureux travailleurs de la centrale et de son tissu
industriel local, et sans parler des importations pour compenser chaque année
les 12 milliards de kWh de Fessenheim, continuant à creuser notre déficit
commercial et notre dette abyssale. Que ce président « n’aime pas les riches » c’est
son droit, mais alors qu’il le montre en cessant de favoriser ceux qui
spéculent et s’enrichissent sur les renouvelables, qu’il le montre aussi en
cessant de nous humilier, nous petits citoyens qui sommes en quelque sorte
propriétaires de ce parc électrique que nous avons payé par nos factures depuis
quarante ans, nous qui constituons bel et bien, avec l’état actionnaire, ce
fameux « lobby nucléaire »,
comme nous appellent dédaigneusement les écologistes politiques et le lobby des
renouvelables. Comment continuer à garder espoir quand tant de lobbys
financiers et politiques, plus puissants que le lobby des citoyens, parviennent
encore à obtenir gain de cause contre l’intérêt général ?
Jean-Luc Salanave
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