Sûreté nucléaire en France: comment ne pas en faire
trop au pays des champions du monde du pessimisme ?
Défauts « sérieux » sur la cuve de l’EPR de
Flamanville, déclaration sur les coûts d’un possible « Tchernobyl »
en France, demande de moyens humains et financiers supplémentaires,
« contexte préoccupant pour l’avenir » … Les récentes déclarations
anxiogènes du patron de notre ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) ne manquent pas de
surprendre ceux pour qui notre nucléaire civil est une réussite technique,
humaine et environnementale et une source de fierté.
Elles choquent aussi ceux
qui ne se reconnaissent pas dans cette image que nous donnons au monde entier
de champions de la peur et du pessimisme, qui craignons toujours comme nos
ancêtres gaulois que « le ciel ne nous tombe sur la tête » quand ce
n’est pas certains nuages radioactifs.
Surtout que nous montrons parfois bien
peu de compassion devant les réels malheurs des autres, comme devant les
destins dévastés des familles des 20000 victimes du tsunami de Sendaï en 2011
au Japon, préférant nous lamenter sur les victimes hypothétiques qu’aurait pu
provoquer l’accident nucléaire de Fukushima qui s’en est suivi et sur le nuage
radioactif qui aurait pu affecter notre petite santé à 20000 kilomètres de nos
amis japonais.
Nous sommes
tous concernés par la sûreté nucléaire : ASN, exploitants, médias,
citoyens. Mais chacun doit rester dans son rôle. Et ce n’est pas en leur
léguant nos peurs, souvent irrationnelles et médiatisées comme celle du
nucléaire, ni même en « sortant du nucléaire », que nous rassurerons
nos petits enfants dans un monde où plus de 60 nouveaux réacteurs sont
désormais en construction et où tant de pays choisissent de faire du nucléaire
une source majeure de leur énergie de demain et de la lutte contre le
changement climatique.
Voici une
réflexion sur notre pays, qui a déjà largement réussi sa transition énergétique
dé-carbonée, mais qui, à la surprise des pays plus optimistes que le nôtre, (i)
fait un complexe vis-à-vis de ses propres réussites, individuelles ou collectives,
et (ii) semble craindre l’idée du risque plus que le risque lui-même, encouragé
en cela par son ASN, et des médias tellement anxiogènes que certains en
oublient parfois que leur rôle est d'abord d'informer objectivement et donc
aussi de rassurer.
Jean-Luc Salanave