Depuis le rattachement de la France au Béarn 😀, en 1620, un premier Ministre, fut-il béarnais, se doit de traiter les expressions citoyennes sans favoritisme régional. La lettre qui suit, adressée par un citoyen béarnais de Paris au premier Ministre lui aussi béarnais ne doit pas faire exception. Identique à celle adressée dès septembre 2024 à Michel Barnier, elle propose à François Bayrou des pistes simples, réalistes et rapides pour réduire drastiquement une partie des dépenses publiques, notamment énergétiques et climatiques. Elle n'engage que son auteur, mais depuis son envoi son contenu a déjà été soutenu et repris par 80 parlementaires dans une tribune publiée par le magazine Le Point le 13 janvier 2025.
De : Jean-Luc
Salanave
Citoyen,
spécialiste et acteur de l'énergie
64440
Laruns, Béarn
Tél
06 14 93 62 85; salanave@yahoo.fr
À
:
Monsieur
François Bayrou
Premier Ministre
Hôtel
de Matignon, 57 rue de Varenne, 75007 Paris
Objet:
pour réduire les déficits et la dette de la France supprimons les
dépenses énergétiques inutiles (celles nuisibles au climat, à
notre souveraineté énergétique, aux ressources naturelles, celles
qui ont fait monter les prix de l'électricité au détriment de
notre économie, de notre ré-industrialisation et des consommateurs)
Moussu lou Permè Ministre,
Permetet-me
de-p perpausà aqueres mesures entà bachà (de miliars d'èuros) las
despénses publiques. Que soy especialìstẹ
de l'energie, proufessou a l'escòle Centrale de Paris, yé artisâ e
fièr de la transiciou nucleare escadude en 1975-2000 e de la noustẹ
electricitat, labéts la ménch care d'Europe, au serbici deus
citoayéns e de l'ecounoumie, e exemplare enta l'enbirounamén.
De
nombreux chantiers sont devant vous pour réduire les dépenses de la
France. Les propositions ci-dessous se concentrent sur un seul
d'entre eux, décisif: le chantier de notre transition énergétique,
source à lui seul de centaines de milliards d'économies
potentielles (300 milliards d'euros ont déjà été inutilement
dépensés depuis 2009, et bien plus à venir selon la Cour des
Comptes si on ne corrige pas nos PPE3 et SNBC3).
Face
à notre Assemblée Nationale aujourd'hui sans majorité, les mesures
proposées ci-dessous présentent l'intérêt de ne pas avoir de
couleur politique et de ne reposer ni sur des opinions, ni sur des
idéologies, mais sur des faits incontestables, parfois peu glorieux,
révélés aux yeux de tous par la Commission Parlementaire
Schellenberger-Armand
de 2023 (sur les causes de notre perte de souveraineté énergétique)
et par la Commission Sénatoriale Montaugé-Delahaye de 2024 (sur les
causes de la flambée des prix de notre électricité). L’absence
de prise en compte des recommandations de ces deux commissions
relèverait d'un "déni de démocratie".
Point
n'est question ici de réduire les dépenses publiques porteuses
demain de bénéfices pour notre économie, pour notre souveraineté
énergétique ou encore pour le climat. Mais, il s'avère possible
de redéfinir nos dépenses sans avoir à choisir entre "la
dette ou le climat" ni entre "fin du monde ou fin du
mois".
Il
suffit pour cela de mettre fin aux excès
de notre stratégie éolo-voltaïque, que nous avions cru un temps
complémentaire de notre système électro-hydro-nucléaire, ceci par
excès de confiance dans les promesses des renouvelables, et aussi
par notre soumission passive à des recommandations européennes
faisant fi de la subsidiarité énergétique et des particularismes
des Etats Membres, bafouant même parfois les traités fondateurs de
l'Europe
au profit d'intérêts particuliers, tant idéologiques que
financiers, dont certains ont infiltré nos administrations et
agences (comme l'ADEME, RTE ou la CRE).
Au
regard de l'intérêt général et des réalités économiques,
scientifiques, sociales et climatiques, à l'exception de toutes les
autres contraintes qui peuvent s'imposer à un Premier Ministre, les
remèdes et les solutions pour réduire nos dépenses sont simples:
1.
Sans mettre fin aux énergies "renouvelables", prononcer
dès 2025 un moratoire sur les aides, subventions, certificats
"verts", garanties de rachat (parfois sur 20 ans),
compléments de rémunération, primes d'installation et gratuité de
raccordement accordés aux électricités photovoltaïque et
éolienne; laisser les lois de l'offre et de la demande ainsi que la
taxe carbone réguler librement les investissements énergétiques
futurs.
La
France a déjà engagé près de 300 milliards d'euros en
subventions, soutiens et cadeaux divers accordés à ces deux
technologies appelées (à tort) "renouvelables". Ce coût
est responsable de la hausse régulière des prix observée depuis
2009. Il a aussi permis au solaire et à l'éolien de devenir matures
et performants, au point que la hausse des prix de marché européen
de l'électricité leur permet désormais de faire des bénéfices.
Le moment est donc propice pour mettre fin à 15 années d'aides
publiques. Certes cela mettra un coup de frein au rythme de
développement débridé de ces énergies hier subventionnés, mais
avec des effets vertueux pour nos dettes publique et climatique:
réduction des dépenses fiscales (taxes) et budgétaires, réduction
du déficit commercial (capteurs et éoliennes sont en effet
importés); avec, en prime, amélioration de notre dette écologique
par réduction de notre empreinte carbone (en effet, en France, les
émissions de CO2 par kWh sont de 43,9 grammes pour le
photovoltaïque, 14,1 grammes pour l'éolien, contre seulement 3,7
grammes pour le nucléaire;
réalités qui suffisent à confirmer, s'il était encore besoin,
l'aberration de la priorité accordée en France aux renouvelables
intermittents, obligeant le nucléaire à s'effacer, à chaque coup
de vent ou de soleil, devant des kWh ... plus polluants - la France a
été confondue avec l'Allemagne charbonnière et gazière !)
2.
Abandonner la majeure partie des 200 milliards d'euros de dépenses
programmées à partir de 2025 pour le raccordement aux réseaux de
transport et de distribution des milliers de futures installations
solaires et éoliennes
qui étaient en projet avec répercussion sur le TURPE des factures
de tous les consommateurs (100 milliards d'euros réclamés par RTE,
96 milliards d'euros par ENEDIS). Certes une partie (infime) de ces
investissements est justifiée par le développement futur du parc
nucléaire (qui n'a nécessité, faut-il le rappeler, que de 19
points de raccordement au réseau national de transport - contre les
dizaines de milliers de nouveaux raccordements éolo-voltaïques). Il
conviendrait aussi d'interdire à RTE de continuer à offrir aux
investisseurs éoliens en mer (souvent étrangers) la gratuité du
raccordement au réseau électrique national aux frais du
contribuable/consommateur français.
3.
Mettre fin définitivement au système de l'ARENH
(accès
régulé à l'électricité nucléaire historique) qui,
au final, a spolié les consommateurs français (en leur confisquant
la "rente nucléaire" qu'ils ont financée pendant 40 ans
par leurs factures, sans aucun argent public). Ce système a par
ailleurs coûté plus de 15 milliards d'euros de manque à gagner à
EDF selon la Cour des Comptes.
L’Autorité
de la Concurrence, dressant le bilan des "objectifs
assignés à l’ARENH, à savoir l’émergence de la concurrence à
l’amont et la baisse significative des prix de détail en aval",
constate qu' "aucun
de ces objectifs n’a été atteint".
Ce
dispositif, mis en place par la France sous pression de Bruxelles en
contrepartie du maintien du TRV (tarif régulé de vente), a
contraint EDF à vendre à des "concurrents" artificiels
plus du quart de sa production électronucléaire à prix coûtant
pendant 15 ans. Des dizaines de nouveaux "fournisseurs
alternatifs" ont ainsi pu prendre à EDF plusieurs millions de
clients. Mais les milliards d'euros qu'ils ont ainsi encaissés n'ont
pas été utilisés pour financer, comme prévu, des capacités
électriques concurrentes. Si les 100 térawattheures annuels de
l'ARENH à 42 €/MWh avaient été proposés à nos PME et à nos
industriels, nombre de faillites et délocalisations causées par la
flambée des factures électriques auraient été évitées.
4.
Accélérer le projet national de construction de 14 nouveaux
réacteurs nucléaires.
On
ne peut pas "en même temps" prétendre que le nucléaire
ne sera pas prêt pour assurer notre neutralité carbone en 2050 et
tolérer les lourdeurs décisionnelles et administratives qui le
retardent. Deux ans suffisaient pour instruire un dossier de sûreté
de construction d'un réacteur en 1980, il faut cinq ans aujourd'hui,
nullement justifiés au vu de l'excellence de notre industrie (aucune
"victime nucléaire" en quarante ans d'exploitation et de
gestion exemplaire de ses déchets). Notre "sûreté quoi qu'il
en coûte" doit laisser place à l'approche pragmatique "coûts
/ bénéfices de sûreté" pratiquée partout dans le monde.
Ce
programme de renouvellement nucléaire est une source potentielle
d'immenses économies; les 300 milliards d'euros engagés pour les
renouvelables ces dernières années (pour un bénéfice climatique
quasi nul, et un doublement en 15 ans du prix de nos factures
électriques) aurait permis la construction de 40 réacteurs EPR2 (ou
bien l'importation de leurs équivalents chinois comme nous le
faisons pour les capteurs solaires) et aurait garanti pour longtemps
notre souveraineté énergétique et notre excellence climatique (en
assurant notre neutralité carbone en 2050, ou au pire en 2060 -
comme visé par la Chine - si nous persistions à ne pas "dégraisser"
nos lourdeurs et lenteurs administratives).
Un
soutien assumé de l'Etat à ce programme nucléaire durable
permettrait aussi aux emprunts bancaires et financiers de le financer
à des taux plus bas (comme en bénéficient les renouvelables),
autre source potentielle d'énormes économies en amont et de prix
électriques bas en aval.
5.
Recentrer notre politique énergétique sur quatre objectifs
prioritaires: (i) souveraineté énergétique (limiter
nos importations de pétrole, gaz, capteurs solaires, éoliennes),
(ii)
réduction du CO2
("décarboner" doit passer avant la "mode
éolovoltaïque"),
(iii) prix bas
(retrouver ceux de 2009 afin de redonner du pouvoir d'achat aux
consommateurs et un élan à notre réindustrialisation, (iv)
préservation des ressources naturelles (privilégier
les technologies durables, les moins consommatrices en matériaux,
métaux et ressources naturelles).
PNC-France
(patrimoine nucléaire et climat) propose de lancer
sans tarder une étude
d’impact économique et technique (qui pourrait être confiée à
L’OPECST avec l’appui des Académies des sciences et des
technologies) pour que les adoptions prochaines de la PPE3
(programmation pluriannuelle de l'énergie) et de la SNBC3 (stratégie
nationale bas carbone) reposent sur des bases rationnelles, à
l'exclusion des modes (parfois dictées par Bruxelles) et des
idéologies, afin de limiter
les dépenses publiques
aux quatre objectifs ci-dessus.
6.
Réduire voire supprimer les agences nationales et administrations
inefficaces ou inutiles.
Parmi
les centaines d'agences publiques au service de l'Etat certaines
(comme l'ADEME, le CESE, ...) sont montrées du doigt comme étant ou
étant devenues des distributeurs d'argent public ou des centres de
dépenses sans valeur ajoutée. Il est de votre devoir de mener un
audit sur les sources d'économies réalisables sur les quelques 80
milliards d'euros annuels liés au fonctionnement de ces centaine
d'agences, sans exclure, le cas échant, la reprise de tout ou partie
de leurs missions par les administrations de tutelle.
Partadjades
per citoayéns "de Frànce e de Nabàrre", per eminéns
scientifics e enterprenurs, tau coum per dus Coumissioûs
Parlementàri e Senatouriàu, aquéres proupousicioûs que soun,
Moussu lou Permè Minìstrẹ,
lous noustẹs
sauneys e lous noustẹs
bots enta ue Boune Anàde 2025, acoumpagnade de hère d'àutes enta bacha la déutẹ
de la France, e proutedya las joénes generacious e lou climàt.
Dap
la mée hàute counsideracioû.
Jean-Luc
Salanave, le 6 janvier 2025
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PJ: mon CV
J'appartiens
à la génération qui dans les années 1970-1980 a rêvé d'une
France capable de devenir indépendante et florissante, de
s'émanciper du pétrole (crise de 1973) et de fournir à chaque
citoyen et à notre économie une électricité abondante, bon
marché, équitable, respectueuse des ressources naturelles, sûre et
exemplaire avant l'heure pour le climat et l'environnement. Nous
avons collectivement réalisé ce rêve dont nous avons profité
durant 40 ans.
Je
suis français, scientifique, actuellement professeur à l'école
CentraleSupelec, ancien industriel, spécialiste de la transition
énergétique. Je suis expert et porte-parole au sein d'associations
de défense de l'environnement (PNC-France présidé par Bernard
Accoyer ancien Président de l'Assemblée Nationale, Sauvons le
Climat, UARGA, AEPN, FED, Voix du Nucléaire). Je soutiens les
scénarios énergétiques NégaTep et TerraWater (tout en critiquant
le scénario NégaWatt de l'Ademe). J'ai été relecteur du rapport
spécial 2018 du GIEC sur le climat. J'ai été un acteur du
programme nucléaire. J'ai fréquenté le marché électrique pour
le compte du plus gros consommateur européen (EURODIF). J'ai
participé au programme international de recherche sur la fusion de
l’hydrogène. Je possède un master d’astrophysique (1987, USA)
et suis diplômé de l’École Centrale de Paris (1974).
Sur
le thème du présent courrier, j'ai eu l'honneur d'être auditionné
(audition privée) début 2024 par la Commission d'enquête
sénatoriale sur la
production, la consommation et le prix de l’électricité aux
horizons 2035 et 2050 (président Frank Montaugé, rapporteur Vincent
Delahaye).
Jean-Luc
Salanave