Effectivement, nous pouvons nous réjouir, aux cotés du Ministre Christophe Béchu, de la "baisse inédite" de 4,8% des émissions de gaz à effet de serre en France en 2023, mais ne tombons pas dans l'autosatisfaction excessive et l'hypocrisie. Comme le rappelle La Croix du 22 mars 2024 il y a en effet des "raisons conjoncturelles" (notre activité productrice en berne) et, il y a surtout que ce chiffre en trompe l’œil "ne prends pas en compte les émissions importées". Or la France, qui continue à s'enfoncer dans la dette et à creuser son déficit commercial par son incapacité à produire les biens qu'elle consomme, importe toujours plus de produits carbonés: les capteurs solaires chinois à forte empreinte CO2 [56gCO2/kWh contre 4gCO2/kWh pour le nucléaire], l'électricité charbon d'Allemagne pour combler notre déficit électrique des soirées d'hiver, le polluant gaz naturel liquéfié américain, etc. Résultat: si, par nos émissions nationales, un français moyen pollue un peu moins qu'un chinois, l'empreinte carbone réelle d'un français, une fois corrigée de notre solde import/export, est supérieure (d'environ 1 tonne de CO2 par an) à celle d'un chinois moyen. Nous avons donc encore du "pain sur la planche" climatique, car le dérèglement n'est pas que la faute des autres. Retrouvons au plus vite une souveraineté industrielle et énergétique décarbonée que nous avons collectivement laissée saborder.
Jean-Luc Salanave
Article partiellement publié par La Croix le 15/04/2024 (sans la mention aux capteurs chinois ni à l'électricité allemande !)